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Critique de Siladola


Entre son départ de Grenoble et ses véritables débuts littéraires, Henri Beyle arrive à Paris, abandonne ses études à l'Ecole Polytechnique, mène une carrière militaire brève mais mouvementée (campagnes d'Italie, d'Allemagne, Autriche et Russie), courtise ses maîtresses avec plus ou moins de succès et surtout se forme au métier tant convoité de littérateur : à Paris, à Milan, Rome et Naples, il court les théâtres, les concerts et rédige presque quotidiennement son Journal - ou plutôt jette, avec l'alacrité qui lui est propre, une invention, une fantaisie toujours renouvelées, des notes au hasard de cahiers qu'il relit périodiquement pour les annoter à nouveau - à moins qu'il ne les perde à l'occasion de ses voyages... Martelés de la devise Nosce te ipsum, le "connais-toi toi-même" antique, ces carnets constituent la base quasi-scientifique de ses observations sur lui-même et sur ses contemporains. Il s'en sert délibérément, avec méthode, dans l'espoir un jour de publier - il ne sait quoi encore...Il travaillera trente ans à une pièce de théâtre jamais achevée (Letellier) - mais hormis ces journaux et une abondante correspondance, n'écrit presque rien ; en tout cas rien de publiable, jusqu'aux Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, paru en 1814. Comme l'Histoire de la Peinture en Italie, dont il élabore l'ouvrage sans le faire paraître encore, entre 1811 et 1817, cette biographie de musiciens, et du poète dont Mozart adapta le livret de la clemenza de Tito, est un vaste plagiat d'ouvrages italiens et allemands. Elle témoigne néanmoins du goût profond de Stendhal pour la musique, de sa sensibilité artistique aigüe, et de son ardeur à l'étude. En dépit des admonestations de son protecteur et parent l'intendant-général Pierre Daru, omniprésent dans ces pages, il déploie moins de zèle au service de l'Etat. Nommé auditeur au Conseil d'Etat en 1810, l'institution, de création napoléonienne récente, lui inspire plutôt l'envie de fuir Paris pour retrouver sa chère Italie. le premier volume des Oeuvres Intimes, éditées par V. del Litto en Pléïade, est un monument d'érudition, et la lecture des appendices et commentaires un plaisir égal à celui du Journal lui-même - plaisir d'ailleurs indispensable car le petit monde familier de Stendhal se dévoile sous des codes, des alibis ou des rébus dont on est bien aise que l'éditeur les déchiffre à notre intention. Ce laboratoire recèle donc une richesse littéraire évidente ; mais il convient de lire le Journal avant tout pour le charme de toute une époque ressuscitée dans ces pages, et des personnages évanescents que l'on retrouvera dans l'oeuvre stendhalienne.
Lien : http://siladola.unblog.fr/20..
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