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Critique de MartinManhunter


Cet essai m'a été conseillé sur un discord d'écrivains que je fréquente et tout de suite j'ai été attiré par son sujet. Comme beaucoup je consomme de la fiction littéraire, principalement de la science-fiction et de la fantasy (en somme de la SFFF), et comme beaucoup cela reste sur les mêmes auteurs, les mêmes dinosaures qui sont mis sur un piédestal depuis des décennies, parfois grandement à raison, parfois un peu moins (que ce soit pour la relative qualité de leurs écrits ou pour des comportements personnels douteux pour le mieux et criminels pour le pire).
A vrai dire, je cherche de plus en plus à étendre mes horizons, à lire des histoires provenant de personnes à qui l'on silence la voix, que ce soit les éditeurs, mais aussi les lecteurs (dans lequel je m'inclue). Pour ne serait-ce qu'espérer changer les choses, changer le status-quo dans lequel le monde, et plus précisément ici le monde de l'édition de littérature de l'imaginaire française, il faut aussi savoir faire son auto-critique et admettre que l'on pourrait faire mieux, que l'on devrait faire mieux.

A la lecture de cet essai, j'y ai trouvé ce que je cherchais, la parole d'une autrice minorisée, de son vécu au sein de l'industrie, de ses observations après presque vingt ans de discussion, de discrimination, de doute et de tentatives pour faire changer les choses.
Ketty Stewart nous parle donc des auteurices qui sont au mieux édités, mais peu promus et donc invisibilisés, ou bien édités pour les mauvaises raisons, pour surfer sur une vague d'exotisme culturelle qui ne cherche en aucun cas à les mettre en avant pour les bonnes raisons, et au pire sur ce spectre, l'entre soi d'une gente masculine cis qui réduit au silence tous ceux qui ne correspondent pas à leur norme, cette norme qui n'est jamais dite.

Je m'attendais à cette partie, néanmoins, ne parler que de cela m'aurait peut-être laissé sur ma faim, mais l'essai ne s'arrête pas là. S'attaquer aux personnes concernées, et malheureusement invisibilisés, Stewart n'oublie pas également de parler de la forme que la science-fiction pourrait prendre dans le futur. Pourquoi se contenter d'un sacro-saint roman ? Pourquoi ne rechercher que cette forme d'expression en France ? Pourquoi ne pas s'inspirer de nos voisins anglo-saxons chez qui la nouvelle a un essor bien supérieure qu'ici ? Pourquoi se contenter de l'éternelle recueil de nouvelles lié par une thématique ? Pourquoi ne pas envisager les écritures à plusieurs mains ?
Cette partie permet de découvrir des initiatives qui cherchent à repousser les carcans de la science-fiction telle qu'on la connait.

Peut-être le seul défaut, si on peut l'appeler ainsi, de cet essai est que ses lecteurs et lectrices auront déjà l'envie de repousser leur monde et une haine du conservatisme qui continue de s'installer et de cadenasser notre société et le monde de l'édition française. J'ai du mal à imaginer un auteur ou un éditeur en position dominante se remettre en question ou même se diriger vers ce type d'essai. Bien entendu, cet état de fait n'est en rien à mettre une critique de l'oeuvre ou de son autrice. On ne change pas le monde seul, mais grâce à des personnes telles que Ketty Stewart qui ne cesse de se battre, nous serons toujours plus proches du basculement que si rien n'était fait !
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