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Critique de adtraviata


Je dois être une des dernières à lire La couleur des sentiments, publié en 2010, l'année où j'ai ouvert mon blog, et sans doute découvert à cette occasion (une des premières tentations sur la loooongue liste liée aux blogs). Je l'avais offert à ma maman, qui me l'a prêté et… oui, honte sur moi, je le lis seulement maintenant.

Nous sommes en 1962, à Jackson, Mississipi. Elles sont trois, deux Noires et une Blanche, trois femmes unies par un sentiment d'injustice, une colère sourde, trois femmes qui vont s'atteler à un projet commun et qui vont comprendre que les limites déterminées par la couleur de peau ne sont que des barrières extérieures, qu'on peut les empêcher de vous pourrir la tête. Elles, ce sont : Aibileen, la bonne des Leefolt, déjà d'un certain âge, qui se sent pousser une petite graine dure comme pierre depuis la mort accidentelle de son fils ; Minny, cinq enfants, un mari alcoolique et violent, toujours en colère, la bonne qui n'a trouvé du travail que chez une jeune femme étrangère à la ville, Miss Celia, qui – heureusement – ne comprend rien aux codes et aux diktats de la Ligue des femmes, même si elle voudrait tant en faire partie ; Skeeter, jeune diplômée blanche qui vit toujours chez ses parents, sur la plantation de coton, et qui est encouragée par une éditrice new-yorkaise à écrire sur un sujet fort qui lui tient à coeur.

Et c'est ainsi que naît ce projet d'un livre de témoignages des bonnes noires sur leur travail et leurs relations avec les familles blanches chez qui elles travaillent, particulièrement les femmes et les enfants. N'oublions pas qu'on est en 1962 seulement et que, s'il venait à être découvert, ce projet coûterait cher aux bonnes. Car si les hommes blancs règlent brutalement leurs comptes à coups de poings ou de revolver, (le Ku Klux Klan n'est jamais loin), les femmes blanches – du moins les plus influentes, les plus racistes (ou les plus frustrées ?) – s'y entendent vicieusement bien pour détruire peu à peu la vie des Noires si nécessaire.

Le roman alterne les points de vue des trois principales protagonistes, tout en dressant un portrait rapproché d'autres femmes, Miss Leefolt, Miss Hilly ou la mère de Miss Skeeter, sans oublier Constantine, l'ancienne bonne de Skeeter dont celle-ci est sans nouvelles. Les pages se tournent toutes seules, on rit, on a la gorge serrée, on espère avec nos trois héroïnes que leur livre sera bien édité mais on tremble des conséquences qu'elles pourraient subir. Et puis ne croyez pas que tout est manichéen, il y a beaucoup de nuances dans ce roman qui montre que les relations entre les maîtresses de maison et leurs bonnes oscillent entre mépris racial et amour, avec surtout beaucoup d'amour, même s'il est fondé sur des rapports de ségrégation. Il porte aussi le message que l'on peut trouver sa place dans la vie, même si on n'est pas né au bon endroit dans les bonnes conditions ou si on ne se sent pas bien dans sa peau : c'est un message commun à Aibileen, Minny, Skeeter et bien d'autres, si elles veulent bien le comprendre.

Kathryn Stockett explique à la fin comment elle s'est inspirée de sa propre nounou noire, Demetrie, et combien elle s'est sente marcher en équilibriste sur le fil de son roman, puisqu'elle a osé se mettre dans la peau de deux femmes noires et parler à leur place, en quelque sorte. Pari audacieux, mais réussi.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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