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Critique de Folfaerie


Elles s'appellent Constantine, Aibileen, Minnie ou Yula May, elles sont bonnes au service de familles aisées et oisives. Jusque là, rien de palpitant. Mais voilà, nous sommes dans les années 60 à Jackson, Mississipi. Ces femmes sont noires et travaillent pour des blancs. Et ça change tout.

Sans jamais tomber dans le larmoyant, loin de tout militantisme, Kathryn Stockett a écrit un formidable roman construit autour de remarquables personnages féminins.

La vie dans les quartiers noirs de la ville n'est pas des plus plaisantes. Les fins de mois sont difficiles, les maris violents et alcooliques ne sont pas rares, le racisme est une composante essentielle de la vie en société.

Pourtant, à y bien regarder, le sort des femmes des quartiers blancs n'est pas plus enviable. Hypocrisie, lâcheté, ennui, jalousie sont leur lot, la médiocrité suinte de ces belles demeures. Mrs Hilly Holbrook est la peste, la garce que l'on adore détester. Rien ne peut la racheter, c'est le diable en personne. Elle mène d'une poigne de fer son petit cercle d'amies, et même une partie de la (bonne ?) société.

Aibileen travaille chez Elizabeth Leefold qui passe ses journées à coudre, à geindre et dont l'affection pour sa petite fille est fort limitée. Minnie travaille chez Mrs Walters, la mère d'Hilly Holbrook. Lorsqu'elle se fait renvoyer, elle échoue miraculeusement chez la Marylin Monroe du coin, Celia Foote, et qui traîne un sacré paquet de problèmes.

Constantine travaillait chez Eugénia Phelan, surnommée Skeeter, et qui n'a jamais su ce qu'il était advenu de sa bonne, après 25 ans de bons et loyaux services. Cette jeune femme se démarque singulièrement de ses amies. Une grande perche toujours célibataire, qui rêve d'écrire. Et qui a de la considération pour ces bonnes noires.

Ces deux petits détails vont servir de détonateur, car Miss Skeeter, Abileen et Minnie ont décidé de s'unir et d'écrire, anonymement, un livre de témoignages sur les conditions de travail des bonnes. Un secret explosif dans une ville où on punit de bastonnade le malheureux qui a osé se tromper de toilettes.

Si l'histoire de Rosa Parks vous est familière, si, comme moi, vous avez vu le film d'Alan Parker, Mississipi burning, qui relatait des faits commis en 1964, dans ce même état (trois militants des droits civiques furent assassinés par des membres du KKK), vous vous retrouverez en terrain familier chez Kathryn Stockett. Mais Miss Stockett a choisi la petite histoire plutôt que la grande.

J'ai suivi avec un enthousiasme teinté de mélancolie les pérégrinations de toutes ces femmes auxquelles je me suis attachée. L'auteure a su donner une voix différente à chacune d'entre elles, oscillant souvent entre drame et humour. Un roman foisonnant et généreux qui fut un gros coup de coeur.

Traduction : Pierre Girard
Lien : http://lectures-au-coin-du-f..
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