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Critique de BazaR


Et voilà, Roger II de Hauteville est roi de Sicile.

Enfin… reconnu comme tel par un pape lui-même rejeté par toute la chrétienté hormis la Sicile. Pour un couronnement, c'est en fait le début de sacrés ennuis.

Car l'empereur Lothaire III et le « vrai » pape Innocent II accompagnés du célèbre Bernard de Clairvaux fondent sur le sud de l'Italie pour chasser ces brigands de Normands et placer le « vrai » pape sur le trône De Saint Pierre. Roger fait le dos rond, reste tranquillement en Sicile, n'oppose pas de résistance à l'avancée hormis quelques chausses trappes humiliantes, attend que l'armée impériale sèche toute seule au soleil. Quand les Allemands sont à point il leur fait quelques avances diplomatiques et l'armée impériale décanille avec joie.
Aussitôt Roger II tombe sur le râble des traitres des Pouilles et de Calabre. A la bataille de Mignano il désintègre l'armée des rebelles et capture Innocent II dans un filet de pêche (si, si, c'est écrit !). Il arrivera à surmonter le caractère de cochon de ce pape et à se faire à nouveau reconnaître roi. Il arrive même à se faire un ami de Bernard de Clairvaux qui lui trouvera sa seconde femme.

Enfin commencera pour les Hauteville une lonnngue période paix, enfin, de guerre de conquête menée ailleurs. Roger organisera une armada pour convoyer la deuxième croisade - celle de Louis VII, d'Aliénor d'Aquitaine et de l'empereur Conrad – en Terre Sainte mais patatras ils se décideront pour un passage par la terre et Byzance (pour aboutir au désastre soi dit en passant). Qu'à cela ne tienne ! Les Hauteville utiliseront les navires pour conquérir l'Ifriqya (Tunisie, l'Est de l'Algérie, l'Ouest de la Lybie) et piller les côtes de la Grèce pour agacer Byzance.
Roger fera aussi oeuvre de création avec le magnifique jardin de la Fawara de Palerme (où il installera son petit harem), les Assises d'Ariano (loi centralisatrice où le droit des communautés est préservé), l'écriture de la Géographie de son temps par Idrîsî (le Kitab al Ruggeri, livre du roi Roger).

Mais il perdra ses trois premiers fils. C'est son dernier né, le Gros Guillaume, ou Guillaume le Mauvais, qui lui succède. C'est un autre tempérament. Indolent et festif en temps de paix, il laisse son chancelier bosser, il aime la philosophie grecque antique. Mais dès que son trône est menacé la rage et la colère s'emparent de lui et il ne montre que peu de pitié. Quand, à nouveau, les barons des Pouilles se rebellent, aidés de Byzance, il les balaie tous, et réduit la ville de Bari en un tas de ruines. Et quand une grand conjuration le met à bas de son trône, il est sans pitié à son retour. Il tue son fils de 11 ans – instrumentalisé par les conspirateurs - d'un coup de pied parce qu'il refuse de s'agenouiller devant lui.

Le livre se termine sur la mort de Guillaume, sur l'arrivée des Almohades, ces intégristes du Coran, en Ifriqyia . Un extrémisme qui trouvera un écho en Sicile où les musulmans seront sévèrement menacés par la populace chrétienne en réaction aux exactions des Almohades sur les chrétiens dans le Maghreb.
Tout cela et bien d'autres histoires, anecdotes, romances et tragédies sont contées dans ce livre. Et les personnages principaux trouvent le temps de garder une certaine épaisseur. On rit à leur ironie. On s'inquiète sur les obsessions du roi Roger. On trouve chou la romance de Roger Troisième et d'Emma.

On s'amuse.

On se cultive.

C'est la même chose au fond.
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