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Critique de kuroineko


Je profite d'avoir terminé cette série pour rédiger ce que j'en pense sur son ensemble, et non volume par volume.

Tout d'abord les points faibles. Il y en a peu, la série présentant tant de qualités. En premier lieu, je trouve que la physionomie des personnages féminins reste toujours assez similaire et il m'est arrivé de ne plus savoir qui était qui.
Enfin, certains retournements de situation m'ont paru un peu trop gros, notamment dans les tout derniers volumes.

Passons maintenant aux points forts de la série. le premier est de dénoncer la pratique de l'ijime (brimades, sévices imposés à autrui) non seulement entre élèves mais également entre adultes. Cette pratique est, hélas, courante, tant au Japon que dans les autres pays. Dans l'archipel nippon, l'ijime se renforce du fait du poids de la communauté sur l'individu. La collectivité, bien nécessaire pour instaurer une cohésion sociale, joue parfois un rôle de coercition qui broie impitoyablement les personnes "inadaptées" ou, comme ici, qui ont eu le malheur de déplaire.
On le voit dans cette série avec une classe au mieux indifférente aux sévices endurés par l'héroïne Ayumu, au pire membre actif des brimades. En effet, il est clairement admis dans ces circonstances que mieux vaut hurler avec la meute plutôt que de se retrouver victime à son tour pour avoir voulu porter secours. C'est là tout le côté insidieux de l'ijime qui transforme en tortionnaires plus ou moins volontaires tout un groupe. de plus, la responsabilité se trouve de cette façon diluée dans le nombre.

D'autres thèmes graves sont abordés. Notamment la politique de l'autruche des autorités scolaires face à l'ijime. La mangaka montre des professeurs et une direction plus acharnés à défendre l'image de leur lycée et à étouffer la moindre petite chose plutôt que de chercher à résoudre le problème. L'ijime déborde d'ailleurs la salle de classe puisque les enseignants eux-mêmes le font subir, non pas physiquement mais par un isolement, à une jeune professeur assistante.

Suenobu Keiko aborde également la délinquance adolescente, la perversion sexuelle, la violence parentale, ... Autant de sujets qui rendent la lecture de ce manga parfois oppressante.

Fort heureusement, tout n'est pas plongé dans un noir absolu. L'amitié occupe une belle part de la série avec le duo Shiiba Ayumu et Hatori Miki, rejoint quelques tomes plus loin par un garçon anciennement victime d'ijime Sonoda. Hatori Miki est un personnage très fort et charismatique. Au début présentée comme une fille douteuse, elle apparaît très vite comme le seul soutien d'Ayumu. Belle, intelligente et courageuse, elle cumule les petits jobs pour gagner de quoi vivre, son père étant trop malade pour travailler. Hatori Miki cache pourtant sous une grande assurance des failles secrètes, apaisées par son amitié avec Ayumu.
Cette dernière évolue radicalement tout au long de la série. tout d'abord victime d'elle-même et des autres, elle va trouver, avec l'aide de ses deux amis, le courage de se battre et de surmonter ses terribles épreuves. Son prénom signifie "Qui va de l'avant" prend tout son sens au fur et à mesure de l'intrigue. Suenobu Keiko a desiné ici un personnage à la fois attachant et admirable par son courage.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur cette série tant les thèmes sont multiples. Un dernier mot sur le personnage d'Anzai Manami, un être machiavélique, manipulateur et glaçant. Gosse de riches pourrie gâtée par un père incapable de la voir autrement que comme sa parfaite fifille, elle trouve son plaisir à manipuler et faire souffrir les personnes autour d'elle. La mangaka force souvent le trait dans ses dessins, la représentant parfois avec des yeux n'ayant plus rien d'humain.

"Life" est une série que je recommande fortement pour ses nombreuses qualités. Les âmes sensibles auront sans doute du mal à surmonter les premières pages tournant autour de l'auto-mutilation. Pourtant les 20 volumes méritent l'effort de passer outre à ces passages afin d'apprécier toute la densité de l'intrigue.
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