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Critique de Yokay


Première phrase de l'ouvrage : « Mars 2012, 40000 victimes depuis le début de la révolution. ». Ça pose le contexte. La population syrienne manifeste pacifiquement depuis déjà un an contre le régime de Bachar el-Assad, pour plus de liberté et de démocratie. Les « rebelles » sont violemment réprimés, l'armée torture et assassine hommes, femmes et enfants. Les opposants pensent que le régime tombera d'ici deux mois. Mais chaque semaine il y a des centaines de victimes supplémentaires. En hiver, lorsque l'État islamique d'Irak et du Levant harangue les hommes dans les mosquées et fait une propagande agressive, notre héroïne comprend que le jour prochain de la chute du régime n'arrivera pas.
Hamid Sulaiman, artiste syrien réfugié politique en France, qui a fui son pays en 2011, crée un microcosme témoin de la diversité de la population syrienne au sein d'un hôpital clandestin dans une petite ville imaginaire du nord du pays, dirigé par une jeune pharmacienne, Yasmine. Sunnites, chiites, alaouites, assyriens, kurdes, frères musulmans, djihadistes, c'est d'une complexité… Une dispute sur la succession du prophète Mahomet qui dure depuis 1400 ans… Les personnages de l'histoire sont présentés en début de livre pour nous aider à nous y retrouver.
Le travail graphique, en encrage noir plein sans nuance de gris, de prime abord très obscur et difficilement lisible, se révèle très impressionnant. Quelques dessins sont presque abstraits. Il n'y a pas tous les traits de contours, le blanc et le noir du personnage ou de l'objet sont souvent fusionnés avec le fond. Les scènes de nuit, avec leur fond noir et leur décor blanc, en quasi négatif, sont très intenses.
On voit la belle architecture traditionnelle avant sa destruction par les bombardements. Quelques clins d'oeil, une référence à la Création d'Adam par Michel-Ange, à La Danse de Matisse, et la mappemonde affichée à l'envers sur le mur, comme si le monde marchait sur la tête.
Finalement, je trouve que l'on rentre assez vite et facilement dans cette esthétique et dans l'histoire, qui se dévore. Et on pense au peuple syrien qui en bave depuis si longtemps déjà…
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