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Critique de petitsoleil


Une lecture intéressante à plus d'un titre.

Il me semble que c'est le premier livre que je lis de cette femme, j'en lirai peut-être d'autres. L'auteur ? Evelyne Sullerot, une enfant de la guerre donc. Elle a été jeune pendant la Seconde guerre mondiale et en garde pas mal de souvenirs, de faim, de répression, d'occupation de la France ...
Autant dire une dame qui aurait l'âge d'être ma grand-mère. Une dame de la même génération que d'autres super mamies comme Line Renaud ... et une femme de caractère, avec pas mal de choses à dire.

Elle écrit ici une longue lettre aux "enfants de la crise", ses petits-enfants et arrière-petits-enfants ... à ma génération donc et aux générations suivantes.
Aux enfants et petits-enfants des fameux baby-boomers. Certains d'entre eux sont des pros de la pyramide des âges, ce qui la réjouit !

Passionnante quand elle nous raconte ses souvenirs de jeunesse, d'adolescence, de romantisme. de poésie pour résister à la morosité, pour résister à l'occupant, pour résister dans la vie. D'engagement, d'action.
D'amour et de mariage. de projets à long terme.
Passionnante et passionnée quand elle évoque la francophonie, l'exception culturelle française, l'amour des livres dans sa famille ... et ça me parle.

Passionnante, amusante et lucide quand elle évoque les nombreuses idéologies qui ont traversé le siècle précédent. Enfin une personne âgée qui ne reproche PAS aux jeunes leur manque d'idéologie ... Elle s'en méfie.

Pragmatique donc, et passionnante toujours quand elle évoque avec brio toutes les luttes pour les droits des femmes, eh oui les femmes les "oubliées des Trente Glorieuses" selon elle. Tout occupées à repeupler la France pendant que leurs maris reconstruisaient ce qu'ils pouvaient ... pas assez vite, d'ailleurs, il manquait beaucoup de logements, beaucoup de choses tout court, il fallait faire la queue partout pour nourrir sa famille, faire des enfants ... et à l'époque, on ne s'occupait souvent que de ses enfants et de la maison, l'équipement électroménager n'est arrivé que bien après ... tout comme les plats cuisinés, le prêt-à-porter, et tant d'inventions qui ont fait gagner du temps aux femmes !

Elle parle de la crise du logement après la guerre : sur ce point-là comme sur beaucoup d'autres, ma génération et la sienne pourraient bien être d'accord !
Sur le manque de modes de garde pour les jeunes enfants, aussi ...
Sur le monde du travail et les nombreuses embûches qui attendent les femmes, elle me semble très lucide aussi. Sur ce front-là également elle a lutté, et espère un avenir meilleur pour les générations suivantes.

Les femmes donc : le monde du travail, la contraception et l'avortement, l'égalité avec les hommes, les études et les choix de métiers, le salaire ... Il y a tant à dire ...

L'auteur évoque aussi beaucoup la famille et son évolution. Les nombreux mariages (et divorces aussi) juste après la Seconde guerre mondiale. Les nombreux enfants, alors que les jeunes couples, démunis, parfois orphelins, mal logés, étaient pleins d'espoir et essayaient de dessiner un avenir meilleur, après deux guerres mondiales qui avaient profondément abîmé l'Europe ...
Puis elle évoque les progrès récents, l'évolution de la société française.
Les nouvelles formes de famille, monoparentale, adoptive, recomposée ... le PACS, le mariage pour tous ... le tout, évoqué avec exigence (sur l'avenir à tracer pour nos enfants) et tolérance.

Une lettre qui fait réfléchir, et qui peut inciter à agir, à continuer les luttes, à une heure où la morosité et les annonces dramatiques des médias sonnent faux, où le French bashing est un peu trop à la mode, où l'optimisme semble toujours aussi mal vu, alors qu'il est si nécessaire ...
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