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Critique de Luniver


« Le QI d'une foule est égal au QI moyen de ses participants, divisé par leur nombre ». Voilà plutôt de réflexion qu'on a en tête quand on parle d'intelligence des foules. Les mouvements de panique, les lynchages collectifs, viennent plutôt renforcer cette idée de régression intellectuelle jusqu'au niveau du réflexe primitif. Aussi, leur prêter une forme de sagesse peut surprendre au premier abord.

Précisons tout de suite que la « foule » ici est plutôt la collectivité dans son ensemble, pas une troupe d'individus réunis au même endroit. le but de l'auteur est de comprendre comment, dans certains cas, la foule peut prendre collectivement une décision plus intelligente que celle que prendrait chaque participant pris individuellement. Cette question n'a pas qu'un simple intérêt théorique, car elle est au coeur de certaines idées, comme la main invisible du marché, ou la démocratie.

À travers plusieurs exemples et expériences, l'auteur souligne les conditions nécessaires à l'obtention d'une telle solution. Tout d'abord, un groupe d'individus aux connaissances diverses : pour résoudre un problème dans l'enseignement, mieux vaut un groupe de professeurs, parents d'élève, gestionnaires… qu'un groupe de 50 experts dans le domaine, sortis des mêmes écoles. Que les connaissances des membres ne soient que partielles n'est pas un problème ; le non-chevauchement est même un avantage (bien sûr, il faut un minimum de connaissance de base. Si vous devez subir une intervention chirurgicale de pointe, que les décisions soient prises par 50 personnes sélectionnées au hasard dans la rue ne vous rassurera pas beaucoup, à raison). Ensuite, l'indépendance : chaque personne doit pouvoir faire son choix sans être influencée par les autres. Sinon, la soumission à l'autorité, la volonté de se conformer au groupe, et d'autres biais cognitifs transforment la foule en un troupeau idiot.

Malheureusement, l'indépendance n'est pas naturelle chez l'être humain. La plupart des gens se contentent, dans leur prise de décision, de copier ce qui fonctionne bien pour les autres. Et ça a du sens ! Après tout, l'expérience des autres est disponible et permet déjà de tirer de bonnes conclusions peu risquées, tandis que l'exploration de nouvelles solutions a un coût parfois élevé. Un « Tiens » est donc souvent préféré à des « Tu l'auras. »

L'essai est clair, agréable à lire et simple à comprendre. On en sort pourtant un peu déprimé. La solution à tous nos problèmes semble à portée de main, mais la difficulté de la mettre en place paraît insurmontable : l'être humain, après tout, est un animal social, et on voit mal comment informer correctement (même partiellement) un groupe d'individus sans qu'ils s'influencent les uns les autres, à part dans quelques situations « jouets » qui ne prêtent pas à conséquence.
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