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Critique de boudicca


Après un premier tome très mitigé et un second bien plus prometteur, j'attendais avec curiosité de savoir de quel coté la balance allait pencher concernant la première trilogie de l'auteur américain Sam Sykes. Et la réponse n'est malheureusement pas celle que j'espérais. On retrouve dans « L'ombre de l'abîme » tous les défauts des précédents opus ici décuplés, à commencer par l'absence presque totale de description concernant l'univers dans lequel évoluent les personnages du roman. Les aventures de nos héros sont ainsi une fois encore très limitées dans l'espace, l'essentielle de l'action se déroulant sur une île mystérieuse laissée à l'abandon et peuplée uniquement de quelques créatures reptiliennes. Et ce sera tout pour ce tome ci... Même s'il faut avouer qu'on a vu plus élaboré point de vue décor, la chose ne serait pas aussi gênante si ce n'était pas la troisième fois que l'auteur nous faisait le coup de l'île déserte ! Au niveau de l'action, les choses se mettent en branle un peu plus rapidement que dans les tomes précédents mais le final proposé est, en ce qui me concerne, loin d'être à la hauteur. « Tout ça pour ça ? », est-on tenté de penser. La « grande bataille » finale est dépeinte avec peu d'enthousiasme et un sens de l'épique discutable, de même que l'ultime combat que l'on attendait depuis longtemps entre Lenk et la reine Kraken, qui n'aura jamais été aussi proche de se libérer de sa prison millénaire, et qui se révèle au final peu impressionnante.

Le plus gros point noir du récit tient cela dit aux protagonistes eux-mêmes et aux rapports qu'ils entretiennent - ou plutôt qu'ils n'entretiennent pas - entre eux. Chacun des personnages reste comme enfermé dans sa bulle en ne cessant de ressasser encore et encore les mêmes idées sans jamais véritablement interagir avec les autres. Les rares évolutions des relations entres les protagonistes ne sont ainsi jamais le fait d'un échange mais plutôt le résultat d'une réflexion solitaire souvent peu passionnante. On se lasse très vite des sempiternelles chamailleries entre les cinq membres du groupe qui, bien que cheminant ensemble depuis un certain temps, ne semblent avoir développé aucune affinité les uns envers les autres. Tous ne sont concernés que par leurs propres problèmes et se moquent éperdument des épreuves que peuvent traverser leurs compagnons de route. Un mot pour finir sur les dialogues qui reflètent les mêmes défauts que ceux qui viennent d'être évoqués et qui donnent naissance à des échanges de sourds dans lequel chaque personnage s'exprime sans sembler se soucier d'écouter son interlocuteur ou même de se faire comprendre de lui. Voici un petit aperçu, pour vous donner une idée du résultat : -Ne fais pas ça. -Quoi ? -Ne fais pas ça, répéta-t-elle. Quoi que tu penses, non. Ce n'est pas le cas. Cela n'a jamais été. Ne fais pas ça. -Mais tu ne peux pas...-Je peux. Je le ferai. Ne le fais pas. -Mais.... -Non. » Vous n'avez rien compris ? Ça ne fait rien, le lecteur et les personnages non plus, et c'est comme ça pendant cinq cent pages.

Un troisième tome qui peine à convaincre et qui ne rehausse pas la qualité de cette trilogie au final un peu indigeste. Un univers minimaliste, des personnages centrés uniquement sur leur propre personne et formant un groupe sans aucune cohésion, des dialogues tour à tour sibyllins ou peu inspirés (il aurait fallu compter le nombre de « ouais » émis par chacun des héros)... : bref, vous l'aurez compris, « La porte des éons » n'est pas de ces trilogies que je conseillerais...
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