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Critique de EvlyneLeraut


Lumineux, grandiose, « Barnum » est un envol d'oies sauvages en plein ciel. Libre, immensément libre. Virginie Symaniec est une belle personne. « Barnum » est un symbole. L'invisible d'un chapiteau. Celui de toutes les batailles. Un pas de côté salvateur et la force des engagements. Virginie Symaniec est éditrice indépendante de « le Ver à soie ». « Je fais partie de la drôle d'espèce des éditeurs indépendants. Il paraît que nous serions plus de cinq mille en France, mais paradoxalement on ne nous voit pas. Vous ne nous trouvez presque pas dans les médias et encore moins en tête de gondole. » Virginie Symaniec est une battante. Elle installe une grande table, un Barnum et expose ses parutions, romans, récits, poésies sachets de graines enlacés dans les rimes, livres pour la jeunesse. En rythme pavlovien l'été dans Les Landes, l'entre-saison en région parisienne ou autre. « Barnum » est un livre blanc fabuleux. La rencontre formidable avec une érudite, une aventurière empreinte d'humilité. « On me demande souvent pourquoi je me suis installée sur un marché avec les livres du Ver à soie, mon doctorat, ma chaise, mon parasol rouge et mon habilitation à diriger des recherches en chocolat. » On est au coeur d'une sociologie intuitive, mère des Sciences-Humaines, si habile qu'elle donne l'élan premier pour affronter le Rocher de Sisyphe. « Barnum » est l'idiosyncrasie d'un monde atypique. La cour des miracles, des entendements et de la force spéculative. On aime les richesses des rencontres. Entrelacs avec les passants, les lecteurs, les voisins : marchands altiers. Que la pluie frappe diluvienne et fasse trembler les pages des livres de froid, que le soleil soit chape de plomb, Virginie Symaniec est de tous les fronts, les jours, les sourires et les regards perlés, parfois pas. « Moi ? j'ai une tête de Russe ? -Oui, madame ! -Vous parlez très bien le français, me dit-elle. -Mais vous aussi, lui dis-je. -Sauf que je suis française réplique-t-elle. -Sauf que moi aussi, madame. » Et que vivent les moments doux… La solidarité est une alliée. Tous, installés dans un lieu des possibilités, des espérances, des découragements parfois. Ils sont le palpitant d'un habitus réglé au millimètre. On aime plus que tout, la profonde humanité qui règne dans « Barnum ». Cette symbiose où s'enlacent les philosophies existentielles. Tenir son but avec des ailes d'un Diogène. Fuir les courants des diktats éditoriaux. Apprenez par coeur la 4ème de couverture, la page 136 du livre. La fraternité est vivifiante. On rit, on pleure, on est en transmutation sous un barnum. « Et qu'avons-nous compris ? Qu'il faut être proche des gens, aller à leur encontre, parce que cela nous apporte, à nous aussi, de la joie. » Les forains, les marchands, Virginie Symaniec sont des exemples d'altruisme, de générosité, de ténacité. « Barnum » est un outil. Son modèle est à reproduire. On apprécie cette route aux destinées valeureuses, non conventionnelles. Et que ça fait du bien de voir des livres sur un marché. Enrichir les passants d'une littérature raffinée, distinguée parce que rare, sceau d'une Edition Indépendante « le Ver à soie » au plus juste de son nom. Publié par les Editions Signes et Balises, « Barnum » est un lice pour le Prix Hors Concours 2020 et c'est une grande chance.
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