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Critique de YvesParis


Directeur de cours au Centre de politique de sécurité de Genève, Thierry Tardy a réuni autour de lui un panel de chercheurs du monde entier pour traiter de la sécurité européenne. Ce travail collectif s'organise en deux parties.

La première est une présentation de l'architecture européenne de sécurité. Sont analysées tour à tour l'Union européenne, l'OTAN et l'OSCE. Ces articles, notamment ceux de Thierry Tardy (UE) et de Victor-Yves Ghebali (OSCE), constituent une mine d'informations actualisées sur les actions menées par ces institutions dans le domaine de la sécurité où les avancées concrètes de la Politique européenne de sécurité et de défense de l'UE contrastent avec l'inquiétant enlisement de l'OSCE, victime des dissensions qui y opposent les Russes aux Occidentaux. Un universitaire hongrois, Pal Dunay, évoque l'entrée des PECOs dans les structures ouest-européennes et montre que leur échec relatif s'explique moins par leur passé communiste que par leur absence de taille critique. Cette partie se clôt par une contribution de Graeme P. Herd sur la Russie, acteur clé de la sécurité européenne, qui est à la fois à l'intérieur de l'Europe et de certaines de ses institutions telles l'OSCE, et à l'extérieur de celle-ci au point de constituer depuis quelques années l'un des principales défis à la sécurité de l'UE ou de l'OTAN.

La seconde partie est plus originale. Cinq chapitres successifs consacrés aux Etats-Unis, au Moyen-Orient, à l'Afrique, à la Chine et à l'Inde s'intéressent à la perception que chacun de ces acteurs ont de l'Europe – dont il est remarquable qu'elle soit souvent confondue avec l'Union européenne. Ce qui frappe, c'est la similitude des opinions. Les Etats-Unis (on le savait depuis Cooper et Kagan) mais aussi l'Inde ou la Chine sont des puissances westphaliennes qui considèrent avec scepticisme l'émergence d'une puissance civile post-moderne et timorée que les sous-performances économiques et l'atonie démographique semblent condamner à un irrémédiable déclassement. Au Moyen-Orient, comme le montre Roland Dannreuther dans l'une des meilleures contributions du livre, l'Europe – confondue avec l'UE – peine à faire entendre sa voix. En Afrique, même si l'UE y a mené des opérations civiles et militaires sans l'aide de l'OTAN, l'Europe est moins influente que les Etats qui la composent et qui y exercent encore une influence bilatérale considérable.

Pour autant, malgré l'ombre portée sur la sécurité européenne par la Russie poutinienne et le mépris dans lequel les grandes puissances tiennent la balbutiante politique européenne de sécurité, le pessimisme n'est pas de mise dans cet état des lieux. Thierry Tardy dans sa contribution et François Heisbourg dans sa conclusion – joliment titrée « l'insupportable fardeau de ne pas être » – soutiennent que « la dynamique du changement joue en faveur de l'Union européenne » (Tardy, 33). Alors que les défis sécuritaires sont de moins en moins de nature militaire et émanent de plus en plus d'acteurs non-étatiques, une organisation multilatérale, forte de la légitimité que lui confère le consensus qui y prévaut, capable de mobiliser des réponses militaires et non-militaires à tous les stades de la gestion de crises, possède des avantages comparatifs que les vieilles nations westphaliennes n'ont plus. Sans doute ce potentiel n'est-il pas encore réalisé ; mais les progrès réalisés depuis une dizaine d'années, avec notamment la formalisation et la mise en oeuvre d'une Politique européenne de sécurité et de défense (PESD), devraient inciter à la persévérance.
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