Résumé : Nuria rentre de soirée avec un inconnu, qui finit la nuit sur son canapé. On l'appelle alors pour lui apprendre que sa mère est morte ; cette même mère qu'elle n'a plus vue depuis des années, qu'elle n'a jamais vraiment connue. Contre toute attente, l'héroïne ne ressent pas grand-chose à cette nouvelle. Elle se rend tout de même à l'enterrement, accompagnée d'Abel, l'inconnu sur son canapé. Ce n'est donc qu'après l'enterrement, à travers les récits des proches de sa mère, que la narratrice découvre finalement qui était sa mère.
J'ai vraiment voulu aimer ce roman. le résumé était prometteur, j'adorais l'idée de découvrir une femme après sa mort, à travers les yeux de ceux qui l'ont aimée. Pourtant, ce roman n'a pas vraiment pris sur moi.
Le positif d'abord : j'ai trouvé la plume de l'autrice très intéressante. Elle joue avec la typographie et la langue pour nous donner à voir des prises de parole très imparfaites, ce qui offre une dimension très réaliste aux personnages. J'ai trouvé original aussi les quelques inserts de poésie ici et là. Les descriptions des lieux sont elles aussi très saisissantes : j'ai vu Paris et ses différents appartements défiler sous mes yeux.
Pour le négatif, qui est purement subjectif : ce roman porte bien son nom. Il s'agit non seulement d'une question d'indésir de la mère envers sa fille, mais aussi d'un indésir général de la narratrice pour... eh bien tout, m'a-t-il semblé. Et si cet état est partiellement compréhensible, j'ai toutefois trouvé qu'il nuisait grandement au récit. Toutes les scènes qui auraient pu toucher le lecteur par leur beauté, leur gravité, leur gaieté, tombent à plat parce qu'elles n'atteignent jamais Nuria - et donc pas non plus le lecteur.
J'ai pensé d'abord à L'Etranger de Camus, qui m'avait donné au premier abord cette même impression de vacuité et de nonchalance, mais je n'ai finalement pas trouvé l'absurdité voulue de Camus dans ce récit. On finit le roman comme la narratrice, avec une espèce d'insatisfaction et avec le sentiment que rien n'a abouti. On ne connait pas vraiment mieux la mère qu'au début, puisqu'elle semble avoir été autre pour chaque personne de son entourage, et cette brève aventure ne semble pas avoir eu de grand impact sur l'héroïne qui reste tout aussi stoïque qu'au début. Même la romance timidement amorcée avec Abel laisse de marbre, puisqu'elle n'a jamais l'air de vraiment atteindre la narratrice non plus.
Je conclurai enfin en soulignant que ce que j'ai ressenti à la lecture était peut-être voulu par l'autrice, au vu du titre. Dans ce cas, l'entreprise est réussie.
Commenter  J’apprécie         50