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Critique de fanfanouche24


Trouvaille incroyable , impromptue en fouinant la semaine dernière à la Librairie Tschann, bd. du Montparnasse...Trouvaille qui m'enchante d'autant plus qu'elle prolonge de la plus belle manière ma dernière lecture d'un des grands textes de Gorki, "La Mère"....que je viens d'achever !

Des lettres magnifiques entre deux très Grands de la Littérature russe, l'un,Tchekhov, déjà très célèbre, à la renommée confirmée et Gorki , de huit ans plus jeune, à l'aube de sa carrière boulimique et "enragé".. . d'exigences absolues...

Tchekhov, plein d'attention pour son cadet, l'encourage, le stimule dans ses projets, lui conseille des lectures...
On perçoit Un Gorki, bougon, "râleur professionnel" !, jamais satisfait de son travail, très engagé politiquement, fréquemment en colère, en révolte et un Tchekhov, plus serein, attentionné et prenant très au sérieux le talent et les possibilités de son jeune ami...

"A. Tchekhov à M. Gorki
Moscou, 27 juin 1899

Quand je vous ai dit que vous aviez débuté par un bruyant succès, je n'avais aucune malice derrière la tête. (...) Je ne faisais allusion aux mérites de personne, je voulais simplement dire que vous étiez entré dans la littérature sans passer par les bancs de l'école, que vous aviez commencé tout droit par l'Académie et que maintenant vous aviez peine à dire la messe sans les orgues" (p. 52)

Une correspondance extraordinaire où nous apprenons mille choses du travail d'écriture de ces deux écrivains, leurs différences , leurs richesses d'échanges; nous sommes aussi plongés dans la vie culturelle de l'époque... un bonheur intégral que cette lecture.... et nous sentons aussi le bonheur intense que les deux correspondants éprouvent à s'écrire et à échanger:

"M. Gorki à Tchekhov

Nijni-Novgorod, 22-25 avril 1899

(...)Mais je le dis tout de même: je suis heureux de vous avoir rencontré, formidablement heureux ! Vous êtes, je crois le premier homme libre que j'aie vu, le premier qui ne révère rien. Il est bon que vous sachiez faire de la littérature la première, la grande affaire de cette vie. "(p. 34)


Je me permets de retranscrire un extrait de la préface qui relate l'historique de ces lettres, qui auront, pour chacun un impact décisif : et sur l'oeuvre en chemin , de Gorki et sur la sensibilité de Tchekhov... que nous ne pouvons trouver que rempli de générosité et d'une véritable écoute...à l'égard de son cadet en écriture !...

"Cette correspondance, parue pour la première fois en France aux éditions Grasset en 1947, révèle la proximité artistique de deux des plus grands écrivains russes. En 1898, Tchekhov est déjà l'auteur d'une oeuvre impressionnante, tandis que Gorki, presque du même âge et de la même origine sociale, a mené une vie errante (...)
Tchekhov répond avec non moins de générosité à ce contemporain obscur, s'intéresse à ce qu'il écrit, lui demande de lui envoyer ses textes, lui conseille de travailler tel ou tel aspect de son style: " L'unique défaut, c'est l'intempérance,le manque de grâce. Lorsque pour un effet déterminé, on met en jeu le minimum de gestes, cela s'appelle la grâce. Or dans les vôtres on sent l'excès"

Cette franchise, cet esprit égalitaire de la part d'un écrivain très occupé à l'intention d'un bougon confrère donneront à celui-ci le courage qui lui manquait pour écrire, écrire vraiment. La plus belle conséquence de ces lettres, ce sont les livres de Gorki. " (Préface de Jean Pérus)

Ces lettres sont merveilleuses, à tous les niveaux, tant littéraire qu'amical ...

Elles s'étendent de novembre 1898 à juin 1904...jusqu' à la mort de Tchekhov, survenue début juillet 1904... A découvrir absolument. !!..
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