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Citations sur Que faire ? (12)

Je ne conçois pas le repos hors de la solitude. Pour moi, être avec les autres, c'est déjà forcément m'occuper, travailler ou prendre du plaisir. Je ne me sens parfaitement à l'aise que lorsque je suis seul. Comment appeler cela? D'où cela vient-il? Chez certains, c'est dû à la dissimulation, chez d'autres à la timidité, d'autres encore, enclins à la mélancolie, s'isolent pour se plonger dans leurs réflexions, certaines personnes enfin éprouvent trop peu de sympathie pour leurs semblables pour souhaiter se joindre à eux. Rien de tout cela ne me paraît s'appliquer à moi. Je suis ouvert et franc, volontiers enjoué, et point du tout mélancolique. J'apprécie la compagnie des autres, mais leur présence est liée pour moi au travail ou au plaisir, deux choses qui doivent être suivies de repos, c'est-à-dire, pour moi, de solitude. Pour autant que je puisse le comprendre, cette particularité de mon caractère est due à mon amour de l'indépendance et de la liberté.
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Les personnes insuffisamment évoluées respectent fort peu l'inviolabilité du monde intérieur de leur prochain...Votre âme est une rue dans laquelle tout le monde regarde de sa fenêtre, non parce qu'on doit y voir quelque chose, non, on ne s'attend même pas à y voir quoi que ce soit d'utile ou de curieux, mais on a rien d'autre à faire. ça ne gène personne, pourquoi ne pas regarder? La rue, certes, cela ne la gène pas, mais l'homme n'éprouve pas grand plaisir à se faire ainsi importuner.
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La première période qui suivit sa transformation, il la passa presque entièrement à lire, mais cela ne dura guère qu'un peu plus de six mois. Quand il vit qu'il s'était constitué un système de pensée cohérent selon les principes qui lui semblaient justes, il se dit: "A présent la lecture devient secondaire, ce que j'ai lu me suffit pour la vie." il n'accorda plus désormais à la lecture que son temps libre, et il lui en restait peu. Mais il réussissait cependant à parfaire ses connaissances avec une rapidité étonnante: à vingt-deux ans, c'était déjà un homme d'une érudition remarquable. C'est qu'il s'était, là aussi, posé le principe suivant: rien de superflu, rien d'accessoire, de l'utile uniquement. Et qu'est ce qui était utile? " Sur chaque sujet, disait-il, on trouve fort peu d’œuvres capitales, tous les autres ouvrages ne font que répéter, délayer, gâter ce que ces œuvres, elles, présentent d'une manière infiniment plus complète et plus claire. Ce sont elles qu'il faut lire, toute autre lecture n'est qu'une perte de temps. Prenons, par exemple, la littérature russe. Je dis qu'il convient de lire, avant tout, Gogol. Si je prends de milliers d'autres romans, je constate aisément, en lisant cinq lignes prises sur cinq pages au hasard, que je n'y trouverai que du mauvais Gogol, pourquoi donc irai-je les lire? Il en va de même pour les sciences, où cette frontière est même plus nette. Si j'ai lu Adam Smith; Malthus, Ricardo et Mill, je connais l'alpha et l'oméga de cette branche de la science et il m'est inutile de m’intéresser à n'importe lequel des centaines d'économistes existants, le plus connu soi-t-il. En lisant cinq lignes prises sur cinq pages au hasard, je vois que je ne trouverai chez eux aucune idée neuve leur appartenant en propre, mais la répétition et la déformation des idées des autres. Je ne lis que des œuvres originales,jute autant qu'il m'est nécessaire de connaître cette originalité."
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Mais l'homme essaie toujours de faire durer le plus longtemps possible les situations auxquelles il s'est habitué. L'élément conservateur est fondamental dans notre nature, nous n'y dérogeons que par une nécessité impérative.
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[...] nul ne peut lutter contre sa propre nature. [...] C'est qu'un changement de caractère implique violence, cassure, or la cassure tue, la violence étouffe bien des choses.
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Dans le travail comme dans le plaisir, les être humains sont entraînés ensemble par une force commune et irrésistible, plus puissante que toutes les particularités: dans le travail, c'est le calcul et le profit; dans le plaisir, les besoins de l'organisme, qui sont les mêmes pour tous. Il en va autrement pour le repos. Là, point de force commune effaçant toute particularité: le loisir est une chose beaucoup plus personnelle, la nature veut s'y exprimer pleinement, l'homme s'y individualise beaucoup plus et son caractère apparaît plus nettement qu'ailleurs dans le choix du délassement le plus doux et le plus agréable.
A cette occasion, les hommes se divisent en deux catégories principales: ceux qui appartiennent à la première préfèrent se reposer ou se distraire en la compagnie des autres. Tout le monde a besoin de solitude. Mais pour ces gens-là, elle doit être l'exception, la règle étant la vie en société. Ce groupe est numériquement beaucoup plus important que le second, dont les goûts sont opposés: ceux qui en font partie se sentent plus à l'aise dans la solitude qu'en société. Cette différence est même entérinée par l'opinion publique, qui la consacre par les expressions suivantes: "être sociable" ou "être renfermé". J'appartiens à la seconde catégorie, et elle à la première.
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Nous sommes surtout poussés au travail par des exigences extérieures et rationnelles, nous le sommes au plaisir par d'autres exigences, elles aussi communes à tout le genre humain. Quant au repos ou délassement, c'est l'élément par lequel l'individu cherche à restaurer ses forces après une activité qui avait entamé sa puissance vitale.
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Le plaisir, comme le travail, exige le repos. Dans le travail comme dans le plaisir, les traits communs à toute l'humanité prennent le pas sur les particularités de chacun.
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Si l'on veut mener une vie normale, on doit séparer son temps en trois parties: le travail, le plaisir et le repos, ou délassement.
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Nous avons assez de mal à saisir les particularités des autres natures: nous mesurons les autres à l'aune de notre propre individualité. Ce dont je n'ai pas besoin n'est pas non plus utile aux autres...Inversement, ce qui est pour nous délassement et loisir doit l'être aussi pour les autres. Cette façon de penser est toute naturelle: c'est là mon excuse pour avoir mis si longtemps à comprendre la différence de nos deux natures.
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