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Critique de Acajoupoli
Comment témoigner d'une génération dégrisée ? Routine désabusante lourde de fantasmes et d'espoirs oiseux, portraits alertes, informés d'une époque abîmée et dévoyée de sa propre réalité. À la brutale simplicité, épidermique, cette pièce de théâtre interroge le désenchantement dans une rage effrontée mais salutaire. Kate Tempest fracasse, captive, par le biais d'un verbe asphalté, brut sans jamais fléchir au cynisme. C'est magistral.
Voici donc le récit inconfortable de trois personnages, un tantinet archétypaux, prisonniers d'une âpre routine, courbatus par les désillusions, les revers d'une vie insatisfaisante. Un hors de soi, dont l'analogie interprétative mais presque clandestine se révèle tangible. Se faire une place, demeurer. Saluons dès lors la charge visuelle de la pièce, l'intuition d'un appareil scénique réel, authentique. Le·a lecteur·rice s'acclimate ainsi à une atmosphère fielleuse, dont les sensations sont bel et bien éprouvées : au bar miteux que fréquentent Danny, Ted et Charlotte, nous pouvons partager les émanations odorantes, la saveur des whiskys dont se gave notre personnage féminin, compatir aux sentiments de doutes et de résignation de Danny, de fatigue et de déprime de Ted. Un décor saisi à vif, l'exploration du naufrage d'un système bousillé. Fracassés nous parle alors des peines et des regrets, au travers desquels chacun·e d'entre nous se reconnaîtra. L'histoire d'une démission. Nous pourrions craindre l'inventaire de lieux communs, mais Kate Tempest évite cet écueil par un regard attentif et sagace sur les choses. L'examen d'un nulle part.
Chronique complète sur le blog.
Lien : https://lepointcul.wordpress..
Voici donc le récit inconfortable de trois personnages, un tantinet archétypaux, prisonniers d'une âpre routine, courbatus par les désillusions, les revers d'une vie insatisfaisante. Un hors de soi, dont l'analogie interprétative mais presque clandestine se révèle tangible. Se faire une place, demeurer. Saluons dès lors la charge visuelle de la pièce, l'intuition d'un appareil scénique réel, authentique. Le·a lecteur·rice s'acclimate ainsi à une atmosphère fielleuse, dont les sensations sont bel et bien éprouvées : au bar miteux que fréquentent Danny, Ted et Charlotte, nous pouvons partager les émanations odorantes, la saveur des whiskys dont se gave notre personnage féminin, compatir aux sentiments de doutes et de résignation de Danny, de fatigue et de déprime de Ted. Un décor saisi à vif, l'exploration du naufrage d'un système bousillé. Fracassés nous parle alors des peines et des regrets, au travers desquels chacun·e d'entre nous se reconnaîtra. L'histoire d'une démission. Nous pourrions craindre l'inventaire de lieux communs, mais Kate Tempest évite cet écueil par un regard attentif et sagace sur les choses. L'examen d'un nulle part.
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