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Critique de raton-liseur


En vol est l'histoire vrai de deux hommes, un ornithologue amateur éclairé et un vieux féru d'aviation, qui s'élancent à la suite d'oiseaux en migration. Pas n'importe quels oiseaux, pas ceux que l'on associe spontanément aux migrations, non, des faucons pèlerins, de la sous-espèce tundrius. Des machines à tuer, petites et compactes, au vol précis et aux serres aussi acérées que leur regard.
Alan Tennant nous décrit là une aventure bien singulière, et pourtant je n'ai pas réussi à monter à bord de cet avion. Il me semble que le récit manque trop d'unité, d'abord parce qu'il est en réalité composé de trois moments distincts (une migration du Texas au Canada, puis une randonnée solitaire au Canada quelques temps plus tard, et enfin une autre migration du Texas au Belize) qui coupent la lecture, et ensuite parce qu'il me semble que le livre manque d'un point de vue. Les récits de voyage ne sont pas, me semble-t-il, une litanie de souvenirs et d'anecdotes, l'écrivain doit leur donner une cohérence et doit avoir un propos, ou tout du moins un fil directeur qui ne soit pas seulement l'écoulement des jours. Alan Tennant, pour sa part, oscille entre les descriptions de paysage et les considérations ornithologiques (au demeurant souvent intéressantes même si parfois peu rigoureuses d'un point de vu scientifique me semble-t-il) et les considérations sur sa vie et ses choix. Passant sans cesse de l'un à l'autre sans lien et avec d'incessantes redites, cela donne un caractère décousu au texte. En l'absence de dates ou d'autres repères temporels, je n'ai pas même d'idée de combien de temps j'ai suivi cet avion dans ses pérégrinations, mais j'ai fini par avoir hâte de finir ce livre pour passer à autre chose.
Je dois avouer aussi que je n'ai finalement pas réussi à comprendre cette frénésie aéronautique. Pour un ornithologue qui peut passer des jours à observer un nid, qui est prêt à sacrifier sa relation amoureuse pour courir après les oiseaux, quelle est la motivation à suivre un point sur un écran de radar, puisque jamais il ne verra plus ces oiseaux après les avoir bagués et équipés d'un émetteur. C'est ce que dit Alan Tennant à un moment : « Bientôt, le minuscule point noir frétillant que Vose et moi n'avions eu que rarement l'occasion d'apercevoir demeurerait tout ce que nous connaîtrions jamais d'elle. Et pourtant, Amelia n'avait pas été qu'une abstraction. Nous avions volé là où elle avait volé, avions vu la terre qu'elle avait scrutée de ses yeux. Nous avions éprouvé les mêmes vents qu'elle, nous avions plissé les yeux pour percer les mêmes brumes, affronté les mêmes tempêtes et les mêmes pluies qu'elle avait éprouvées dans chaque nerf, chaque os creux, chaque plume de son corps aux muscles d'acier. / Et c'était parfait comme ça. (…) J'étais heureux que nous n'eussions partagé son existence que de loin. » (p. 195-196, Chapitre 16, “Bon vent”, Deuxième partie, “En vol”). Cela résume finalement assez bien mon incompréhension face à ce livre.
Dommage, car l'idée était bonne, j'aurais même aime que le livre soit accompagné de quelques photos de paysages et d'oiseaux. Les droits ont été achetés en vue d'une adaptation au cinéma, et c'est le genre de livre (rare) pour lequel le film pourrait bien être meilleur que le livre, s'il arrive mieux que l'auteur à donner une cohérence à l'ensemble.
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