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Critique de TerrainsVagues


Whaou…
Je ne sais pas trop comment commencer ce billet pour ne pas perdre tout le monde dès la fin de la première phrase mais comme il faut appeler un chat un chat ben… tant pis pour les âmes pures chastes et sensibles.

Amis lecteurs, si vous aimez la poésie, il serait peut être temps de revoir vos critères poétiques en vous plongeant dans ce petit recueil qui avec son air de rien bouscule tant d'idées reçues.
Amis lecteurs, si la poésie, pour vous, rime avec niaiserie et que blablabla, venez vous faire défoncer (dans tous les sens du terme) la certitude par l'écriture de Bernard Thaumiaux.
Amis lecteurs, ici la poésie se fait révolte, militante. le vers rend mal à l'aise parce que le voyage auquel nous convie l'auteur nous emmène dans les bas-fonds de l'Homme, dans les bidonvilles de la dignité.
Quand vous saurez que l'auteur, en temps qu'éducateur, a baigné dans un monde de toxicos se prostituant pour la plupart d'entre eux, dans les premières années SIDA, vous aurez une idée plus précise du décor.
Excursion au pays du sordide avec itinéraire bis sur les sentiers du glauque, je sais, c'est pas vendeur et pourtant…
Et pourtant s'il est une constante chez l'Homme, c'est bien celle de vouloir se persuader que si on ne voit pas quelque chose qui dérange, si on regarde ailleurs, ça n'existe pas.
Dans « La Dérogeance » il est question de ces poussières que les gens « comme il faut » mettent sous le tapis même si certains de ces gens au dessus de tout soupçons rentrent tranquillement chez eux le soir après avoir participé à un commerce qui encourage la misère humaine…
« La Dérogeance » c'est une lutte contre l'oubli, un hommage à des femmes, à des hommes, perdus, abusés, détruits, condamnés. C'est un hymne à la rue. Pas celle des… enfin de ceux qui veulent garder leurs petits privilèges, non, un hymne à la RUE, à ceux qui y vivent et non à ceux qui ne font qu'y passer.

"Prune

Spirale infernale,
En quête du meilleur produit,
Elle se produit dans un réduit.
Elle palpe et malaxe toutes sortes de fruits…
Certains sont juteux,
D'autres durs sans parler des pressés..."


"Le Palais

Locataires de cette cavité princière
Où plus d'une altesse avec ou sans délicatesse
Combla cette gorge profonde de langues passagères…"


"Epinay

Forêt de Sénart,
Air polisson
En garçon.
Fête des michetons…
Ils piaillent,
Entrailles.
Ils couinnent et lui dégouline."



Drogue, prostitution coté cour, télévision et travail coté jardin. A qui la déchéance ? Au junkie qui vend son corps ? Au bon citoyen assis devant son jeu télé débile après avoir donné « son cul » pendant huit heures à un patron ? On en est même au « télétravail » alors...

Encore une fois, ce recueil va vous déranger, comme il m'a dérangé au premier abord, si vous voulez sortir quelques instants de fictions « confortables » mais se voiler la face ne change rien à l'affaire, l'innommable fait partie de l'Homme.
Voilà, si vous voulez vous aventurer dans la branche hardcore de la poésie accrochez vous mais n'oubliez pas que si nausée il y a elle ne doit être due qu'aux causes de l'ignoble et non à ses victimes.

Merci à Babel, aux éditions La Compagnie Littéraire, et Bernard Thaumiaux (il faut être poète pour s'occuper des gens de la rue et autres… marginalisés) pour l'envoi de « La dérogeance » dans le cadre de l'opération « Masse Critique ».
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