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Critique de Flaubauski


7 octobre 2018, Sao Paulo. Les premiers résultats du premier tour de l'élection présidentielle brésilienne commencent à tomber, laissant penser que Jair Bolsonaro va l'emporter. Grisés par la victoire qui s'annonce de leur favori, trois jeunes hommes agressent jusqu'à la mort, gratuitement, un homosexuel, dans un parc de la ville.

Voici qui donne le ton de ce riche roman noir, écrit par un Américain ayant vécu pendant de nombreuses années au Brésil, avec cette première scène, d'une terrible violence, qui semble terriblement banale en ce jour où le pays va basculer politiquement à l'extrême. Mais, alors que l'on pourrait s'attendre, dans la suite, à une enquête qui chercherait à résoudre cette mort violente, l'on remonte plutôt le temps à partir d'une autre élection, celle de Lula, en 2003, et à partir d'un autre meurtre, celui du directeur de la British School. Entre les deux, peu de rapport, semble-t-il.

Et bien si, puisque, en un brillant panorama de la ville la plus dynamique du pays, panorama tant politique, qu'économique, social, ou encore culturel, Joe Thomas nous dresse le portrait d'un univers à la géographie tentaculaire, où l'on se perd entre les favelas en voie de réhabilitation et les grandes zones de construction express qui voient leurs immeubles ne pas résister au temps, à la corruption tout aussi tentaculaire, qui gangrène tous les niveaux sociaux, ou presque, du petit délinquant qui participe à des arnaques aux aides proposées par l'État, jusqu'à la Mairie, royaume de l'opportunisme, en passant par la police militaire, sans foi ni loi pour parvenir à ses fins.

Portrait chirurgical d'un univers, d'une ville, à l'image même du pays, qui permet, finalement, de manière assez implacable et pertinente, en mêlant avec intelligence réalité historique et fiction, polar et roman social, de comprendre comment l'on a pu passer, en une quinzaine d'années, de Lula à Bolsonaro, pour le résultat que l'on connaît.

Je remercie les éditions du Seuil et Babelio de m'en avoir permis la découverte.
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