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Critique de lechristophe


Les presque 1100 pages de "La conquête du Mexique" sont le fruit d'un énorme travail de recherche effectué par l'historien britannique Hugh Thomas. Cette traduction française de 2011 est en quelque sorte la version 3.0 de l'édition originale anglo-saxonne parue en 1993, puisque enrichie de nouveaux ajouts inédits par rapport à la version espagnole de 1994, elle-même déjà améliorée.

Alors que raconte cette somme ? Tout simplement la conquête de l'empire aztèque (grosso modo, le Mexique actuel) et sa capitale lacustre Tenochtitlan, entre février 1519 et août 1521, par cinq centaines de conquistadors espagnols menés par Hernan Cortés. Leurs buts initiaux étaient d'agrandir l'empire de Charles Quint et de faire fortune. Devant le haut degré de civilisation et la richesse de l'empire amérindien (Hugh Thomas emploie le terme de Mexica plutôt que celui d'Aztèque), les envahisseurs européens vont plutôt mettre en avant leur cupidité et leur soif de l'or. Ils vont également multiplier les massacres justifiés par leur découverte de la religion barbare pratiquée par les peuples autochtones ; religion hautement sanguinaire nécessitant d'innombrables sacrifices humains, le dépeçage des victimes, le cannibalisme rituel et la manducation de leurs membres.

La conquête a été facilitée par au moins trois facteurs.
Premièrement, le peuple aztèque était le peuple dominateur de la vallée et réclamait d'incessants tributs aux peuples locaux. le hasard a voulu que les Espagnols aient débarqué chez les Tlaxcaltèques, soumis aux Aztèques mais désirant les renverser. Une efficace démonstration de force suffit à apporter aux hommes de Cortès un inépuisable vivier d'alliés indigènes.
Ensuite, les Espagnols qui, pour être infiniment moins nombreux que les Amérindiens qui pouvaient présenter des armées de plusieurs milliers d'individus, étaient nettement supérieurs en armement puisqu'ils étaient équipées de casques, d'armures métalliques, d'armes à feu, de pièces d'artillerie, de molosses et de chevaux. En face, les Aztèques n'avaient que des boucliers de bois, des armures de coton, des armes de jet (javelots, arcs) et des massues de bois pourvues d'éclats d'obsidienne aiguisée à opposer. Surtout, ils pratiquaient "la guerre fleurie", c'est-à-dire, la guerre non pour tuer mais pour faire le plus de prisonniers possibles pour les sacrifices humains.
Enfin, dernier facteur et énorme quiproquo, l'empereur Aztèque Montezuma II a cru que ces envahisseurs blancs et barbus étaient les dieux qui, selon les prédictions de sa religion, devaient réapparaître en provenance de l'orient. Sa curiosité ayant été plus forte que sa peur et sa méfiance, il a laissé les envahisseurs venir jusqu'à Tenochtitlan sa capitale.

Cette "Conquête du Mexique" se lit presque comme un roman d'aventure. Je dis presque car Hugh Thomas, qui n'est pas romancier mais historien, se perd parfois dans des détails et le rythme s'en ressent. En gros, dès que l'action se déroule en Espagne, mon intérêt a diminué grandement : les origines locales des conquistadors et de Cortés, leurs alliances et inimitiés familiales, les magouilles et complots des anti-Cortés dans l'entourage de l'empereur Charles Quint m'ont passablement ennuyé. D'autant que les patronymes hispaniques sont très vite confus pour un français (ah, les Juan Lopes Rodriguez, Diego Rodriguez Lopes et autres Fernando de Hernandez Lopes). Mais il suffit qu'au chapitre suivant, Hugh Thomas ramène son lecteur en Amérique Centrale et l'intérêt repart de plus belle !

Je ne peux que conseiller cet ouvrage pour tous ceux qui s'intéressent à cette formidable époque de la découverte par les Européens du Nouveau-Monde, l'expédition de Cortés étant celle qui a initié toutes les suivantes dans les Amériques qui deviendront bientôt latines.
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