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Critique de JIEMDE


« Orangina rouge, mais pourquoi est-il si méchant ? »
Bizarre de démarrer ainsi la chronique de Rage noire de Jim Thompson – traduit par Franck Richert – avec ce clin d'oeil à une pub culte d'un temps que les moins de… OK boomer, lâche l'affaire !

Et pourtant, c'est bien l'interrogation qui me travaillait pendant ma lecture en me demandant ce qui pouvait conduire le jeune Allen à tant de cruauté, de cynisme et de mal-être dans ce sombre mais délectable quasi-dernier livre du maître.

Jeune black new-yorkais élevé par sa seule mère blanche, Allen ne manque pas d'intelligence, bien au contraire. Cette précocité, il la met toute entière au service de la violence physique et psychologique envers son prochain, quelque soit son âge, son sexe ou sa couleur de peau. Tour à tour, Velie le proviseur, Josie l'étudiante-secrétaire, Liz et Steeve les frères et soeurs pervers ou Doozie la terreur vont faire les frais de ce déferlement de rage froide, réfléchie, destructrice, gratuite.

Allongez-vous et cherchez la mère, vous dira Freud. Mary est aussi perverse que son fils est paumé et impuissant ; aussi blanche qu'il est noir dans une société éduquée où il reste néanmoins un jeune bâtard métis ; aussi fuyante qu'il ne cesse de chercher des réponses à des questions qu'il ne sait pas formuler.

Dans Rage noire, Thompson se lâche et libère d'un coup tout ce qu'il distillait à petites doses dans ses précédents opus : violence, sexe, déviances, langage explicite, propos racistes… Lecteurs sensibles, passez votre chemin ! Mais ces excès sont absolument nécessaires et au service de la dénonciation de toutes ces perversions tartufiennes américaines qu'il n'a cessé de stigmatiser. Sans oublier sa quête mystique et ce retour divin qui clôture le livre. Cette Rage noire n'aurait-elle finalement pas été qu'une parenthèse d'absence dans la vie de Dieu ?
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