Throndin Pierrecoeur, Roi nain de la citadelle de Zhufbar, dans les Montagnes Noires, a accepté la requête d'un baronnet humain désemparé face à une horde de peaux vertes menaçant son territoire. Leurs forces combinées, l'assaut des forces gobelines devait n'être qu'une formalité. C'était sans compter la traitrise de son allié Humain qui tourne bride avec ses soldats pendant que les nains résistent seuls. Ce sera la dernière bataille de Throndin, et son fils unique ruminera sa vengeance, car un nain n'oublie jamais.
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Ce roman de l'univers Warhammer est centré sur le peuple nain, ou plus précisément, sur une partie de la vie du roi Barundin Coeurdepierre de Zhufbar. Découpé en huit chapitres (en huit rancunes) il raconte, de la mort de son père à la Tempête du Chaos (et donc à la frontière entre Warhammer V1 et Warhammer V2, pour ce qui est du jeu de rôle), le désir de vengeance d'un roi et décrit, à cette occasion, de nombreuses facettes du peuple nain dans sa globalité. D'une écriture facile, voire fade, le roman se lit rapidement et survole beaucoup de choses sans entrer dans le détail. Les fans seront ravis de retrouver des références qui passeront inaperçues pour le commun des lecteurs, mais seront certainement déçus du manque de profondeur et de l'aspect "catalogue" des combats. Les néophytes trouveront là un bel aperçu des coutumes naines, quelques menaces qui pèsent sur le monde de Warhammer, certains jalons nécessaires à l'immersion dans le monde (dates, événements, personnages), sans toutefois pouvoir tout comprendre clairement tant le récit est saupoudré. le personnage de Barundin servira de prétexte à un passage en revue des armées naines, skavens, peaux-vertes et chaotiques, avec de nombreuses facilités et des histoires sans grand intérêt.
Dans le détail, et avec moult spoils :
La première rancune m'a fait très bonne impression en alternant époque récente et époque ancienne, en présentant d'illustres personnages comme Malékith (prince elfique, fils du roi Aenarion, mais cette information est absente du roman, voilà le genre d'exemple qui valide mon analyse du saupoudrage et du fan-service à coup de name-dropping) ou Grombrindal, Snorri Barbe-blanche (le White Dwarf des légendes).
J'avais cru (et espéré) à un moment que le récit partirait totalement sur du Lore nain et nous montrerait la déchéance de Malékith, la naissance des elfes noirs et la guerre de la barbe. Nullement. Et c'est fort dommage car le lecteur non initié n'y comprendra rien, et le connaisseur sera forcément déçu de n'avoir que quelques paragraphes sur la bataille de Tor Alessi (qui oppose donc Elfes et Nains sans explication aucune) sans continuer plus avant cette opposition.
Mais l'auteur passe en revue de nombreux éléments de l'univers, comme les Halfelings, bien caricaturaux (le premier qu'on voit est en train de se soulager dans les bois et s'adresse au roi des nains sans aucune déférence ^^), ou les Humains, bien traitres et instables (mais tout de même pas pire que les elfes^^). Toutefois, plusieurs incohérences entachent la crédibilité du récit (notamment Throndin qui ne reconnait pas Grombrindal alors que sa légende est censée être la plus connue après celle des Anciens)...
S'en suit un véritable catalogue de toutes les unités skaven du livre d'armée. Tout y passe, sans toujours les nommer toutefois, ce qui est agréable, et encore une fois beaucoup de fanservice même si les néophytes y trouveront leur compte. Et même si la bataille finale est trop aisément gagnée par l'arrivée des Brisefers nains (cf. la couverture...) elle parvient a être angoissante et à forger une atmosphère délétère complètement raccord avec l'univers Skaven.
La rancune de la bière porte bien son nom... elle est dénuée d'intérêt à mon sens, si ce n'est pour parler la fameuse bière Bugman XXXXXX (et la bataille du col du feu noir, mais là encore, trop rapidement).
La suite est à lire pour tous les fans des Gobelins de la nuit. Leur folie et leur frénésie sont bien représentées, et j'ai souvenir d'un shaman sous hallucinogènes parfaitement retranscrit. Mais peu d'intérêt car la reprise de l'ancienne citadelle est anecdotique et ne sert qu'à passer à la rancune suivante.
La suivante donc, est réservée aux traitres du début du roman. Ce que j'ai beaucoup apprécié c'est la perception du temps différente entre les nains et les hommes. Les nains ont mis plusieurs dizaines d'années pour se préparer à cette vengeance, et les protagonistes humains sont morts et enterrés depuis longtemps. Mais c'est commettre une grave erreur que d'oublier la pugnacité des nains et leur besoin incontrôlable de régler les vieilles rancunes.
Vient ensuite l'un de mes passages préférés où le roi discute avec son maître des runes et où celui-ci lui fait prendre conscience de la futilité de son existence à toujours courir après la vengeance. Une approche d'avantage psychologique et loin du grosbillisme habituel, qui n'empêchera pas les nains de sortir leur hache au moindre affront, mais qui relève un peu le niveau.
Et enfin, après une septième rancune sur les pinaillages administratifs et notariés des nains, vient une ultime rancune, fort intelligemment nommée "la première rancune", qui fait le lien avec le début du roman et balaie d'un revers de la main toutes les futilités précédentes. Quoi qu'on en dise, quoi qu'on en pense, le véritable ennemi de cette période troublée reste le panthéon chaotique, avec ses forces démoniaques et ses sbires fanatiques. J'ai adoré tomber dans le piège de l'auteur en ce début de huitième rancune (je vous laisse découvrir) et si on passe encore une fois en revue le livre d'armée des nains du chaos (avec constructs et armes possédées) le fan en moi était content de rencontrer le Roi Tueur de Karak Kadrin. J'ai d'ailleurs appris son lien de parenté avec notre Barundin.
Comme je le disais à mes camarades de Lecture Commune (sur le forum des Trolls de Babel) je fais un bilan mitigé de ce roman. D'un côté il réussit le tour de force d'aborder une myriade d'aspects du monde de Warhammer (et pas seulement du côté nain), mais de l'autre il nous propose un fil rouge sur la vie de Barundin plutôt inintéressant et mal fagoté, tout en n'approfondissant pas suffisamment les notions qu'il aborde, au risque de perdre les néophytes.
Pour du Lore nain, préférer Nains, Pierre et Acier, et pour des histoires intéressantes, se tourner vers d'autres romans moins "catalogues".
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