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Critique de ChatDuCheshire


On n'évoque plus guère aujourd'hui la sociobiologie, une forme de néo-darwinisme développée aux Etats-Unis par E.O. Wilson (Harvard) à partir de la seconde moitié des années 70. Pour faire court, cette théorie expliquait et surtout justifiait les différences sociales par le recours à la génétique: ceux qui commandent étaient quelque part nés pour commander car ils disposaient des gènes adéquats et les diverses positions sociales sont occupées par ceux qui ont triomphé de la grande compétition génétique pour y parvenir.
Dès sa formulation cette théorie fut vilipendée car il est bien sûr difficile de ne pas en discerner le conservatisme profond et son aptitude à justifier de manière "définitive" divers travers comme le racisme et le sexisme.
Et pourtant... Avec le recul l'on s'aperçoit que le monde est aujourd'hui dominé par une autre théorie, développée à la même époque aux Etats-Unis, et qui se rattache également au néo-darwinisme, j'ai nommé le néo-libéralisme dit néo-classique, formulé par la fameuse Ecole de Chicago. Le parallélisme avec la sociobiologie est frappant : les deux sont fondés sur l'idée de ce que le monde est gouverné par une compétition voyant le plus fort ou le plus apte triompher (the fittest will survive) et le conservatisme de cette théorie est tout aussi avéré. Certains tenants de cette théorie n'hésitent d'ailleurs pas à tenir un discours en termes de "fin de l'histoire", en d'autres termes: seule cette explication vaut et vaudra pour les siècles des siècles.
La désaffection pour la sociobiologie procède non seulement du débat éthique qui fut particulièrement violent dès l'origine mais aussi et surtout parce que son postulat génétique a été remis en cause par les données plus récentes de la génétique.
S'agissant de la théorie développée par l'Ecole de Chicago, tout le monde sait et même ses zélateurs les plus ardents s'accordent pour reconnaître que celle-ci est fondée sur une représentation du marché (en concurrence parfaite, où tous les agents disposent des mêmes informations et où la rationalité instrumentale de l'homo œconomicus s'applique sans partage ni altruisme) ne correspondant en rien à la complexité de la réalité... Et pourtant cette vision triomphe aujourd'hui, en quelque sorte faute de mieux, parce que ses partisans ont peut-être été assez malins pour composer avec la critique (les économistes sont très forts pour mettre en avant le caractère de science "humaine" - donc non "exacte" - de leur discipline quand ça les arrange) tout en ne dérivant pas d'un iota de leur cap, sûrs de leur domination qui était déjà celle issue des guerres mondiales. Aujourd'hui les anglo-américains dominent le monde, au point même d'avoir transformé l'ex vaincu des deux guerres, à savoir l'Allemagne, en principal vecteur de leur vision en Europe...
Et, comme par hasard, le sexisme et le racisme are back full speed...
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