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Critique de christianebrody


Un train pour Tula ou Recherche Carmen désespérément.

Juan Capistràn, vieillard invalide à la charge des bonnes soeurs, raconte sa perpétuelle recherche du bonheur à Froylán récemment licencié et qui se rêve écrivain. Devenu biographe à temps plein, il recueille les souvenirs, les romance tout en se débattant avec sa propre existence.

La vie de Juan Capistrán suit celle de Tula, petit village au milieu de nulle part, son église, ses haciendas, ses débits de boissons, ses personnages hauts en couleurs, débrouillards et roublards… Produit d'un viol, Juan Capistrán vient au monde en tuant sa mère. Banni par sa grand-mère, il est confié aux bons soins de Negra, la bonne à tout faire. Tombé sous le charme de Carmen, il met tout en oeuvre pour s'attirer ses faveurs. D'apprenti pianiste, projet qu'il abandonne rapidement, il se contraint à passer quelques temps dans une grotte infestée de crotales sans oublier d'en informer l'intéressée puis opte pour le métier de soldat, un métier qui consiste surtout à marcher, à livrer des sacs de farines ( le pays étant souvent en guerre ou subissant les escarmouches de bandits), à se faire masser les pieds par des prostituées, à noyer son chagrin dans le mescal. Les années s'égrènent, le retour auprès de sa dulcinée ne se passe pas comme prévu.

Pendant ce temps, Tula reçoit la ligne télégraphique, se dote d'une école de musique, organise un concert mémorable en réunissant cent pianos dans ses rues, concourt modestement à la création de l'hymne nationale, engage par petite annonce un général capable de défendre ce petit bourg d'éventuelles agressions, crée de nouveaux cimetières, tant et si bien que l'annonce d'un tracé ferroviaire met toute la population en ébullition. Là non plus, tout ne se passe comme prévu. Entreprenants et dégourdis, les Tultèques s'organisent et construisent eux-même leur ligne de chemin de fer.

On nage dans le romanesque absolu. Des passions impossibles, des personnages au caractère trempé, volontaire, dominateur, veule, vénale, des amours déçus que les litres de mescal engloutis n'effacent pas, et la continuelle quête du bonheur qui se perpétue.

L'autre point d'intérêt du livre est le glissement de la personnalité de Froylán ( un homme plutôt lâche et velléitaire) qui, au fil des confidences de ce vieil homme aigri, tel le prédateur moyen se met à traquer Carmen, la sienne. Symbole du fantasme de ces deux hommes, Carmen, insoumise, indépendante, souvent cruelle, elle reste majestueusement inaccessible à ces pantins, ces hommes encore à l'état embryonnaire.

Une histoire drôle et loufoque, bien écrite, rythmée, plaisante. Il y a sans doute des ressemblances avec le Macondo de Cent ans de solitude… peut-être le côté grandeur et décadence d'une petite ville, les personnages pittoresques, la frénésie ambiante mais là s'arrêtent les similitudes. Un train pour Tula, sans être un grand livre poursuit le même objectif que son aîné: celui de faire plaisir au lecteur. le but est atteint.
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