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Critique de Northanger


« Je n'ai pas d'argent, les télécommunications britanniques menacent de me couper le téléphone ; ma mère pense qu'elle est revenue en 1953 ; mon mari se laisse mourir de faim ; ma fille s'est embarquée dans une romance avec mon poseur de moquette ; mon fils passe devant le tribunal jeudi ; enfin, mon chien a des puces et tourne au hooligan. »


Cette phrase résume à elle seule la démarche incongrue, désinvolte et bien sûr désopilante de Sue Townsend  dans ce roman publié en 1992 : imaginer le quotidien de la famille royale anglaise dans des petits pavillons mitoyens d'un quartier défavorisé. L'auteur imagine avec beaucoup d'humour des situations cocasses dans cet univers parallèle où la reine se voit déchue du trône suite à l'élection frauduleuse d'un opposant politique. « Les parasites royaux mèneront une vie ordinaire au milieu de gens ordinaires. Il est rigoureusement interdit, sous peine de graves poursuites, de s'incliner devant eux, de leur faire la révérence ou de leur manifester les formes anciennes de respect. » C'est donc sur un ton gentiment satirique qu'on voit cette icône en découdre avec des problèmes quotidiens et qu'on mesure le décalage culturel, linguistique, humain qui la sépare de ses sujets. Ainsi lui faut-il apprendre à faire le thé, à s'improviser sage-femme d'un jour pour accourir à la rescousse de ses voisines, à se mettre en quatre pour trouver des solutions à chaque problème, cependant que le prince Philipp fait une dépression, que Charles se passionne pour le jardinage et que Diana se pose des questions au sujet de sa garde-robe. Tout son univers jusque-là parfaitement contrôlé, huilé, jusqu'aux fréquentations du chien est désormais chamboulé : « Jusqu'à présent, Harris n'avait jamais été autorisé à se croiser avec une personne de son choix. Toutes ses précédentes liaisons avaient été arrangées par la Reine. Il pensa qu'il était grand temps de mettre un peu de romance dans sa vie. »
Mais loin de se lamenter et de se ridiculiser, la reine prend les événements à bras-le-corps pour affronter ce tournant inattendu dans une existence qu'on imagine sans peine matériellement confortable jusque-là. Elle m'a donc paru fort sympathique tout au long du roman par son sang-froid, sa combattivité et sa gentillesse à l'égard des voisins.
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