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Critique de PedroPanRabbit



Pour tout le monde, Mary Poppins, c'est Julie Adrews qui chante avec les oiseaux, danse avec les pingouins et s'envole au-dessus des cheminées de Londres. Pour tout le monde, Mary Poppins, c'est Disney. Pour tout le monde, enfin presque. Car à l'origine, il y a ce roman de l'australienne Pamela Lyndon Travers, écrit en 1934 : le premier d'un cycle de six livre, classique de la littérature anglaise mais bien différent du film.

le changement d'époque est le premier point qui diverge du célèbre film de Disney, même si cela n'est pas un élément capital et qu'on le perçoit à travers de petits détails ( les descriptions des vêtements, les illustrations originales de Mary Shepard, mais aussi l'évocation de la reine Elizabeth II) : exit, donc, l'époque edwardienne, l'histoire originale se déroule dans les années 30. Dès lors, non, Madame Banks n'est pas l'extravagante suffragette du film mais une jeune maman débordée et assez effacée... tout comme monsieur Banks qui, s'il reste le personnage rigide que l'on redécouvrira dans l'adaptation cinématographique, est très peu exploité. Les protagonistes les plus mis en valeur dans le livre sont donc bien évidemment les enfants mais surtout Mary Poppins.

Une Mary Poppins néanmoins assez différente de celle interprétée par Julie Andrews, très adoucie pour satisfaire le public. La version papier de la célèbre nounou est beaucoup plus rigoriste et, même, elle en serait presque effrayante : elle donne l'impression d'une femme très austère que ses pouvoirs rendraient toute puissante! le véritable intérêt du roman réside en effet dans le mystère qui entoure cette nounou : qui est-elle vraiment? Capable d'emmener chaque jour les enfants vivre de folles aventures en esquissant un demi-sourire qu'elle s'empresse de faire disparaître une fois rentrée à la maison, pour les convaincre qu'ils ont imaginé tout ce qui vient de se dérouler. Sa fantaisie, son charme, et sa seule gentillesse ne se distinguent dès lors qu'à travers ces escapades incroyables, même si c'est pour les contester par la suite. On ne la découvre par ailleurs vraiment douce et délicate que dans un seul chapitre sans les enfants, celui où elle retrouve le ramoneur Bebert (le célèbre Bert du film) en tête à tête...

Outre le début et la fin du livre (ils marquent respectueusement l'arrivée et le départ de Mary Poppins, quand le vent tourne), le reste du roman se démarque là encore du film par son absence totale de trame : chaque chapitre est une aventure qui se suffit à elle-même, une petite historiette avec sa conclusion (Mary et les enfants vont acheter des pains d'épices dans une boutique enchantée, les enfants visitent un zoo ensorcelé où les animaux célèbrent l'anniversaire de Mary Poppins, ou encore, Mary et les enfants rencontrent une petite fée venue faire ses achats de noël dans les grands magasins pendant les fêtes!). L'ensemble évoquerait presque un recueil de nouvelles, et d'ailleurs, certains chapitres ont même été réédités en Angleterre sous forme de petits albums indépendants. Cette forme un peu datée rend la lecture ardue pour le jeune lecteur habitué à une écriture contemporaine, et laisse le sentiment que le roman a mal vieilli. C'est à la fois vrai... et faux. Car il en reste un univers plus complexe que le film : la où l'adaptation Disney est plus familiale mais uniquement fantaisiste, l'histoire de Travers relève du Mystère avec un grand M et incite à lire les suites pour en apprendre plus sur ce personnage peut-être plus obscure qu'on ne le croit.

Et si on peut aujourd'hui reprocher certaines choses à cet ouvrage, on ne peut nier un talent certain à P.L.Travers : son sens de la narration et de la description (malheureusement pas toujours honoré par les traductions les plus anciennes), et la malice subtile qu'elle glisse dans certains passage, en font sans conteste une auteure qui a mérité son succès.
Lien : https://books-tea-pie.blogsp..
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