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Critique de Gruizzli


Heureusement que Noirdésir a attiré mon attention sur le fait que Francesco Trifogli est aussi l'auteur Trif que je connais bien via ses BD chez Tabou. C'est d'autant plus drôle que je me suis dit tout du long qu'il avait un tic de représentation avec les corps des femmes qui me disait quelque chose.

Alors cela dit, je ne sais pas ce qu'ils ont eu comme formation, les auteurs de chez Tabou, mais je vois que la Grèce et la Rome antique, ça attire de plus en plus de monde ! Et honnêtement, "Le Feu de Thésée" me semble être une BD parfaitement bien comme type de BD. le genre que j'apprécie pour ce qu'elle propose.

En la lisant, je n'ai pas pu m'empêcher de repenser à Médée, bien évidemment, ou le Dieu vagabond que j'ai lu presque en même temps, avec cette réappropriation de la mythologie dans un contexte contemporain, tant au niveau des thématiques que de la narration. Et j'en suis ravi ! Après tout, le mythe est déjà présent partout dans des livres ou des vidéos, des BD. Autant se faire plaisir avec les personnages et s'amuser !

C'est donc dans ce contexte de réappropriation contemporaines des mythes grecs pour en tirer des commentaires sur notre monde que "Le Feu de Thésée" propose cette lecture que j'ai trouvé culottée : Thésée est une femme. de la même façon que la BD Médée, je trouve que l'on a ici un ancrage plus réaliste de l'histoire mythique, avec un développement faisant place à la violence et à la vengeance, mais se concluant d'une façon qui m'a émue un peu. C'est une sorte d'apaisement, l'amour comme pansement sur les plaies que le monde nous inflige.
Et franchement, j'ai adoré ce Thésée : entre le déroulé qui reprend les éléments du mythe de façon très réaliste, plus proche du contexte historique, le personnage qui n'est pas franchement un modèle à suivre, les réflexions sur le pouvoir et ce qu'il entraine, on est dans une relecture qui flirte avec le féminisme mais qui ne se fait jamais pamphlétaire. D'ailleurs l'ajout final de Jerry Frissen sur les raisons des choix narratifs est assez éclairant : mettre un héros féminin pour tenter à son échelle de contrer la bêtise de certains qui l'ouvrent trop.

Bref, je digresse beaucoup mais la BD est une excellente réinterprétation mythologique pour une histoire parfaitement contemporaine. C'est presque dommage de ne pas avoir intégré la relation entre Thésée et Ariane, ici très limitée finalement, que j'aurais aimé voir développé. D'autre part, j'aurais aimé voir la fin de Egée plus en accord avec la légende (je me demande comment la fin de Egée dans la BD se transforme ensuite en celle que l'on connait).
Je m'étends peu sur le dessin, qui est celui de Trif que je connais et avait déjà pu admirer sur d'autres productions. Je noterais juste qu'il a fait un sacré effort sur les décors et environnements, ce qui se sent. Les couvertures sont magnifiques et j'ai adoré ses dessins de la côte grecque, qui donnent envie de s'y rendre !

En dehors de ces quelques détails, c'est agréable de lire une BD qui prend la mythologie au sérieux en en faisant ce qu'elle veut. Une lecture à ranger dans le nombre des productions mythologiques qui refleurissent ces dernières années. Signe, peut-être, d'un monde qui cherche dans les anciennes histoires comment raconter à nouveau son monde. Moi j'aime ça !
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