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Critique de Runi


Le gros inconvénient des livres de chez Osprey, c'est qu'étant donné que les auteurs sont différents entre les ouvrages d'une même série, on peut passer de quelque chose de très bien à quelque chose de nettement moins bien. Et alors que d'autres livres de la série sont impressionnants de précision et peuvent servir de référence, celui-là me laisse un sentiment beaucoup plus mitigé, pour ne pas dire franchement négatif.

De manière générale, tout au long de ma lecture, j'ai eu l'impression que le livre se contredisait: en effet d'un côté l'auteur clame qu'il va s'écarter des clichés hollywoodiens pour nous donner la vérité vraie sur les ninja (et déjà en cela c'est louche: quand un auteur prétend détenir la vérité en matière d'histoire, je sors mon revolver) et de l'autre on est en plein dans le cliché des ninjas façon Rambo qui exterminent tout ce qui bouge sur leur passage (rien qu'à voir la couverture du livre).

Les sources sont également plus que légèrement douteuses parfois. Pour illustrer cela, ainsi que la contradiction permanente, en parlant de la tenue des ninjas, l'auteur dit d'abord que le ninja tout en noir est un cliché, avant de finalement dire que c'est quand même probablement vrai, en se basant sur le "bon sens" et une image...du XIXe siècle.
Je trouve également assez bizarre qu'il mette sur un pied d'égalité des sources littéraires et...les offices du tourisme des région d'Iga et Koga; je suppose que c'est parce que les offices du tourisme sont des références en matière d'histoire et n'ont pas du tout pour objectif de faire la promotion de n'importe quoi, pourvu que ça permette de vendre la région.

Le coup de grâce arrive à la fin où, alors qu'on trouve généralement dans les autres Osprey une bibliographie correcte, elle se résume ici à «lisez l'autre super magnifique livre que j'ai écrit sur les ninjas». Déjà que c'est une pratique un peu limite que de citer ses propres livres en référence, mais alors là c'est fait d'une manière vraiment publicitaire indigne d'un historien.

Au final, même s'il est possible qu'il y ait de bons éléments dans ce livre, j'ai tellement eu l'impression que l'auteur me baladait qu'il m'est impossible d'en croire un traître mot. Je ressors de cet ouvrage avec l'impression que la réputation de Turnbull est très surfaite. Je ne suis pas expert du Japon, mais en tant qu'historien je peux juger la méthode, et là c'est franchement mauvais.

À noter que, du coup, pour pouvoir juger cet ouvrage correctement, j'ai fait d'autre recherches à ce sujet et j'ai découvert que Turnbull a fait récemment son mea culpa au sujet des ninjas dans un article* où il admet lui-même qu'il a raconté vraiment n'importe quoi dans ses précédents ouvrages**.
On peut donc probablement ranger le présent livre au rang des fantaisies qui n'auraient jamais dû se retrouver dans une série consacrée à l'Histoire.


*Turnbull, Stephen (2014) "The Ninja: An Invented Tradition?," Journal of Global Initiatives: Policy, Pedagogy, Perspective: Vol. 9 : No. 1 , Article 3
**notamment Ninja: The True Story of Japan's Secret Warrior Cult, qui a servit de base au présent livre.
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