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Critique de domi_troizarsouilles


Voici un livre que j'avais repéré depuis un moment, je ne sais plus trop pourquoi… mais je le gardais précieusement pour ce challenge autour du monde auquel je participe depuis janvier, et dans lequel le pays mis à l'honneur ce mois de novembre est la Finlande. Pour bien commencer, c'est donc une autrice finlandaise mais suédophone, avec un nom à consonance plutôt russe, c'est intéressant je trouve !
Le livre même, quant à lui, ne m'a pas follement emballée, mais il se laisse lire sans souci et laisse un goût tout doux. Il nous présente l'histoire de la jeune Maresi, qui a trouvé refuge plusieurs années auparavant sur l'île (imaginaire) de Menos, où se sont installées autrefois quelques femmes désirant fuir la violence des hommes, pour vivre une vie communautaire… Cette « abbaye écarlate » rappelle furieusement, par bien des aspects, la vie idéale d'une communauté religieuse où toutes les femmes seraient vraiment des soeurs, unies par des liens qui transcenderaient leurs petits antagonismes du quotidien, où tout le monde est heureux et trouve sa voie, tout en étant éduqué de façon générale au début, et puis de plus en plus spécialisée selon ses propres dons et la soeur qui choisit l'une ou l'autre comme novice propre. C'est un monde féminin idéal bien sympathique, où règne une indéniable harmonie, et où toutes les femmes et jeunes filles – qu'elles soient extraites de riches familles qui les ont envoyées là pour recevoir une éducation de pointe, ou qu'elles soient à leur tour des jeunes filles ayant fui la violence d'un père par exemple – peuvent vivre en paix et entrevoir un avenir radieux.

Ce monde nous est présenté pendant plus de la moitié du livre, à travers la voix de Maresi à la première personne du singulier, car c'est elle qui relate toute l'affaire – elle qui a été placée là car, dans sa famille, on mourait de faim. Avide de savoir, amoureuse des livres et des écrits anciens, Maresi est une personnalité curieuse et ouverte, très proche des plus jeunes novices dont elle (encore novice sans attribution particulière) s'occupe au quotidien. Ainsi, on confine par moment à un véritable feel-good… malgré une certaine tension qui s'instille petit à petit.
C'est que, un beau jour, arrive sur l'île la jeune et énigmatique Yaï, visiblement traumatisée par un passé dont elle ne laisse passer la moindre bribe. Maresi la prend sous son aile et l'aide à s'ouvrir à son tour. Mais le danger menace, jusqu'au jour où tout bascule…

On entre alors, assez tard dans le livre comme je disais plus haut, dans une partie plus « active », mais la narration se distingue bien davantage par l'art de la suggestion, que par des scènes de combat extraordinaires ! Cela rend le récit presque poétique malgré l'horreur que vivent tout à coup les soeurs, tandis que leur magie (dont on ne perçoit que des bribes, que je ne vais pas divulgâcher ici, mais c'est vraiment original) ne suffit pas à repousser cette bande d'hommes qui a réussi à pénétrer sur l'île malgré tout, mais dont la violence ne semble pas un seul instant crédible, malgré le fait qu'ils sont présentés comme vulgaires et méchants. Franchement, si on les compare aux « vrais guerriers » que notre monde a connus, que ce soient certains soldats du moyen-âge, les armées du IIIe Reich ou les acteurs du génocide rwandais (liste non exhaustive), ces hommes qui envahissent l'île de Menos sont à peine plus terribles que des enfants de choeur.

Ainsi donc, il ne faut pas aborder ce livre en espérant lire un roman d'action même léger. En revanche, comme évoqué plus haut, c'est une écriture fluide, agréable et souvent poétique, qui décrit un monde enchanteur sans grande manifestation de magie toutefois, dans lequel vivent des personnages auxquels on s'attache très vite. C'est en même temps un éloge constant au savoir, aux livres et à l'enseignement, la transmission du savoir qui fait grandir l'autre, et rien que pour ça, c'est magnifique !
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