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Critique de florencem


J'ai adoré comme ma note vous le laisse sous entendre. J'ai toujours une petite appréhension avec ce genre de pavé, mais ici l'univers est tellement original et les personnages attachants que les plus de 700 pages glissent entre les doigts. Je suis aussi toujours bluffée par l'écriture à quatre mains, un processus qui demande une certaine abnégation à mon sens car il faut partager une histoire, des idées, des émotions. La passeuse de mots me donne aussi espoir de voir nos auteurs français vraiment percer dans l'univers de la fantaisie, notamment jeunesse et young adult.

J'ai tout de suite aimé l'univers de la passeuse de mots. Nous y retrouvons des codes du fantaisie mais il y a aussi une énorme part d'originalité à mon sens, avec notamment des « libertés » que j'ai trouvé rafraichissantes. le folklore est riche et divers même s'il est à peine effleuré ici. J'en demande toujours plus à ce niveau-là de toute façon. On sent aussi que le monde de la passeuse de mots est vaste avec des cultures différentes, une politique complexe, des « pays » ayant leurs propres codes. On voyage à de nombreux niveaux, s'imprégnant de plus en plus de ce monde imaginaire.

La quête d'Arya qui est le fil conducteur de ce premier tome a aussi, pour moi, fait que j'ai adoré l'histoire de la jeune femme. Sa magie repose sur les mots. Etant une dévoreuse de livres, une auteur, et mon père vous dirait que le seul muscle qui ne se fatigue jamais chez moi est ma langue… disons que les mots sont un peu ma vie. Alors voir Alric & Jennifer Twice décider d'utiliser les mots comme magie… J'ai été enchantée. Nous savons tous combien les mots peuvent avoir du poids dans notre vie. Ils peuvent être tendres comme destructeurs, et on l'oublie parfois. Alors ici, avec cette magie en plus, on en prend conscience et il y a tellement d'éléments à exploiter que c'est grisant.

On ne s'ennuie d'ailleurs pas une seconde. Entre la quête des mots d'Arya et le caractère aventureux de Killian, l'un de ses compagnons… les situations périlleuses et rocambolesques se suivent. Cela donne un rythme très plaisant, surtout que Alric & Jennifer Twice mettent aussi en avant l'apprentissage de notre jeune héroïne. Des instants plus calmes qui tempèrent les montées d'adrénaline.

Je me suis également beaucoup attachée aux personnages. Arya est une héroïne naïve et curieuse. Elle est assez jeune et n'a connu qu'une vie calme et remplie de l'amour de ses proches. Quand son monde part en fumée, elle se retrouve seule et avec un poids énorme sur les épaules. Sa naïveté est un peu un sauf conduit. Si dans d'autres romans ce trait de caractère m'aurait gêné, ici je trouve que cela nous permet d'avoir un regard neuf et sans à priori, avec une bienveillance que l'on perd parfois à voir le négatif partout. Arya est aussi curieuse comme une pie. J'avais parfois envie de lui dire que la vie privée était quand même quelque chose d'assez essentiel, mais comme sa naïveté, ce défaut lui permet de garder la tête hors de l'eau. Déjà parce qu'elle a envie d'explorer un monde dont elle ne se sentait pas la force de parcourir, et ensuite parce que connaître les personnes qui l'entourent est pour elle une nécessité. Elle se sent seule et elle a besoin de combler ce vide. Un personnage aussi fort que fragile que j'aime beaucoup.

Parlons un peu des garçons maintenant. Arya a trois compagnons majeurs. Killian dont je suis tombée amoureuse, et quand on aime, on ne l'explique pas… Je ne suis pourtant pas du genre à sauter sur les mauvais garçons mais ici le voleur reste très mystérieux et on sent aussi toute la fragilité qu'il essaye de cacher. Une excellente combinaison sans compter son humour et sa répartie. Alric est le personnage le plus létal du roman, et pourtant cet être si singulier me donne l'envie de le protéger. Et j'adore le voir sous cet angle. Sans compter que je pense avoir deviné quelque chose à son sujet et si mon hypothèse est bonne… je sens que je vais encore plus l'apprécier. Et puis nous avons Saren. Non pas que je ne l'aime pas, mais j'ai installé une certaine distance avec le général. Sûrement parce que pour moi, il n'est pas là comme compagnon mais plutôt comme « outil ». J'ai l'impression qu'il devra partir à un moment ou un autre et son côté paternel, même s'il permet de tempérer certaines choses, donne parfois cette sensation d'étouffement.

La fin est intense émotionnellement parlant. Elle laisse un large mystère planer mais elle est aussi en un sens sereine. Je ne suis pas fan des cliffhanger ou des conclusions qui laissent le lecteur en panique. Loin de là. On sent que la suite ne sera pas tranquille. de nombreuses embûches vont se mettre sur le chemin de nos héros, mais cela sera pour le prochain tome.

La passeuse de mots est donc une excellente découverte, vous l'aurez compris. J'avais tout de même cette appréhension à chaque fois que je devais replonger dans ma lecture. Les auteurs sont des sadiques, c'est bien connu (sauf peut-être les auteurs d'albums jeunesse), et j'avais peur qu'il arrive quelque chose aux personnages. Mais même si ce n'était pas un sentiment agréable, c'est clairement le reflet de mon attachement aux héros et à l'univers. J'attends la suite avec impatience !
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