AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de pencrannais


Quand un auteur au talent comique fort comme Fabcaro accepte le défi de scénariser une icône de la culture populaire française, a quoi peut-on s'attendre ?
En premier lieu, il semble évident que le cahier des charges doit peser une tonne et que quelque soit l'auteur, il doit accepter de s'y adapter. Ensuite, l'auteur a réussi à distiller son humour en se mettant dans les pas de Goscinny et même si c'est évidemment perfectible, pour un premier essai, c'est quand même pas mal.
Enfin, pour avoir lu certaines critiques de presse, je reste toujours sidéré du sérieux avec lequel certains journaux ou stations de radio parlent d'Astérix avec les mêmes arguments que pour décortiquer le prix Goncourt. Ceux-là mêmes qui accusaient Goscinny et Uderzo de poujadisme, de sexisme, de nationalisme, de chauvinisme, de racisme, etc. et j'en passe, sont maintenant prêt à les porter aux nues tout en continuant à déverser sur les nouveaux albums le même torrent de critique en « isme ».
Ce n'est que de la BD, c'est de la caricature et le but est de nous faire passer un agréable moment de lecture, de nous faire rire, de nous moquer (très) gentiment des travers de notre société actuelle.
De ce point de vue, est-ce réussi ?
Sans trop déflorer l'histoire, un vent de démission et de démobilisation secoue l'armée romaine et inquiète César. Comme d'habitude, un de ses conseillers a une idée, Vicévertus est un adepte de la pensée positive et peut prouver au dictateur le bien-fondé de ce courant de pensée inspiré du philosophe grec Granbienvoufas. César le met au défi de réussir avec les légionnaires du camp de Babaorum en lui permettant de s'emparer du village gaulois.
Vicévertus est un adepte de la formulation positive. le village des fous doit être renommé « le village des gens différents de toi et moi par leur comportement imprévisible ». A l'image de Détritus de l'album la zizanie mais avec une stratégie diamétralement opposée, il va devenir l'élément perturbateur du village. Par ses aphorismes, ses proverbes, ses exemples, ses actions mêmes, il change la mentalité des gaulois, des romains et même des sangliers. le ramollissement général atteint son apogée lors d'un concert dantesque d'Assurancetourix qui vaut vraiment le coup d'oeil.
La deuxième partie de l'histoire se concentre alors sur le couple Bonnemine – Abraracourcix. La femme du chef décidant de suivre son nouveau mentor à Lutèce.
Cet album se lit avec beaucoup de plaisir. On comprend dès les premières planches que c'est le grand retour des jeux de mots. Certains sont subtils, d'autres très voyants (comme chez Goscinny) mais moi, ils m'ont souvent fait rire.
On a toujours notre Astérix, intelligent qui ne se laisse pas avoir par les discours de l'intrus et qui sait utiliser les armes de l'ennemi à ses dépens. Et puis Obélix, délicieux de naïveté et de pragmatisme qui s'effraie que ni les sangliers ni les romains n'aient plus peur de lui. Cela permet des dialogues et des situations très drôles (pages 16 et 17).
La deuxième partie de l'album est, à mon avis, encore plus réussie. le voyage à Lutèce avec son lot de surprise (le CGV, Char à grande vitesse de la Société Nouvelle des Chars et du Foin), mais aussi les bobos et les hipsters de la capitale, l'art moderne du musée de Kebranlix, la cuisine moderne de Macrobiotix, l'ancêtre de la trottinette... Peut-être que, inconsciemment, ceux-là même qui se sont senti un peu visé sont aussi les plus durs avec l'album !
Le scénario de Fabcaro est donc plutôt une réussite. le dessin de Conrad est, quant à lui, toujours aussi bon. Il fait du Uderzo aussi bien que le maître. On l'avait déjà remarqué dans les albums précédents mais là, il commence en plus à se démarquer un petit peu. Son César, par exemple diffère de celui d'avant.
Et les défauts ? En dehors de ceux qui sont liés à la série et aux personnages, mais dans ce cas là, autant ne pas lire cet album (et les autres) il y a surtout quelques regrets. le rôle insignifiant d'Idéfix (pas très grave!) et le manque de gags visuels. Conrad vient de la BD un peu plus sérieuse et Fabcaro, s'il dessine aussi est plutôt un littéraire (ce n'est évidemment pas un défaut). Il y a donc très peu de ces gags justes visuels que l'on remarquait souvent à la deuxième ou troisième lecture quand on connaissait l'histoire par coeur et que certains dessins nous faisaient encore rire.
Au final, un bon album, le meilleur depuis des lustres. Alors pourquoi bouder notre plaisir !
Commenter  J’apprécie          24123



Ont apprécié cette critique (232)voir plus




{* *}