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Critique de Osmanthe


Le narrateur, Kanô, est un homme inconséquent, ballotté entre son épouse Ohan et sa maîtresse Okuya, et définitivement dans l'incapacité de choisir entre l'une et l'autre.

Tenant sept ans auparavant un commerce de soja, son caractère insignifiant et une mauvaise fortune lui ont fait laisser tomber sa femme pour aller vivre chez une geisha, Okuya, et sa jeune fille Osen.
Sauf qu'à la faveur d'une rencontre fortuite avec Ohan, il s'emballe et croit bien retomber amoureux d'elle. En douce, il la revoit régulièrement, lui promet qu'ils vont se réinstaller ensemble, en location.
Kanô s'imagine discret, mais si Okuya ignore ce qui se passe, les enfants ont des yeux et des oreilles : Osen, qui aimerait en faire son père, ce dont il se défend absolument, mais surtout Satoru, le fils qu'il a eu avec Ohan. S'il se découvre de l'amour pour son fils, il n'a de cesse de fuir ses responsabilités tant auprès de « ses » femmes que de ces enfants.
Dès que la situation semble bouger vers un choix à faire, une décision à prendre, il fait marche arrière et fait ainsi le yo-yo en permanence entre l'une et l'autre femme.

Mais à force de ne pas choisir, la vie va se charger de le punir, lorsque l'inévitable drame arrive...

Cette histoire n'est pas d'une originalité extraordinaire, c'est le triangle amoureux classique, avec drame à la clé. C'est le parti pris de narration et le ton qui marquent : le narrateur est véritablement un homme irresponsable, qui ne pense qu'à lui, à son plaisir, et est incapable de constance vis-à-vis d'êtres qu'il n'aime pas assez, finalement.

La subtilité de l'auteur est de faire dire à Kanô toutes les trois pages un truc du style « vous voyez un peu comme je suis nul ! », «vous allez vous gausser de moi »....On dirait fort qu'avec cette manière permanente de nous prendre à témoin de son insignifiance, cet anti-héros adopte là une stratégie d'auto-dédouanement complet. Je suis nul, je me traite moi-même d'archi-nul comme ça ce sera fait, circulez y'a plus rien à dire ! Sauf que le petit père ne va pas s'en tirer à si bon compte. Il va falloir payer un peu ! Et bien même dans l'adversité, il trouve le moyen d'essayer de se faire plaindre et de pleurnicher, alors qu'au fond il ne semble pas ressentir une si grande peine...
L'homme est méprisable, les deux femmes sont en revanche remarquables de patience, de tolérance, de sérieux, de stabilité, surtout la figure de Ohan, femme simple, discrète et digne jusqu'au bout.

Un bon livre, court, pas tout à fait la tragédie classique, puisqu'il n'y a pas totale unité de temps et de lieu, mais pas loin…Cela sentirait presque le théâtre Kabuki.

J'ai aimé également la post-face qui nous permet d'en apprendre un peu sur Chiyo Uno, femme écrivain qui vécut presque centenaire et traversa tout le siècle dernier. Femme libérée, moderne et en avance sur son temps, elle fut très populaire et a marqué le monde des arts et de la mode au Japon.
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