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Critique de Bobby_The_Rasta_Lama


Pour apprécier vraiment la lecture de "Sekyra" de Vaculik ( "La hache" dans sa traduction française), il vaut mieux être en pleine possession de ses capacités de concentration.
Pour en écrire un commentaire, par contre, je me demande s'il ne serait pas judicieux de s'équiper d'une ou deux bouteilles de Starobrno, ce breuvage divinement inspirant de ma ville natale... et pour cause !

C'est la lecture d'un autre livre - "Un astronaute en Bohême" de Kalfar, une vision juste mais un peu édulcorée de la Tchécoslovaquie communiste et post-révolutionnaire - qui m'a donné envie de relire Vaculik. Car Vaculik, ce sont les "roots" - un des écrivains en tête sur l'index des proscrits de l'époque. Quand ses livres ont réapparu (assez vite) après la Révolution de Velours, on s'est tous jeté dessus - pour pouvoir enfin goûter à l'interdit, pour savoir, pour lui donner raison. Et pour réaliser pourquoi ce livre datant de 1966 est devenu une véritable dynamite littéraire après le Printemps de Prague.

En lisant ses autres livres, notamment "Les cobayes", on a l'impression de toucher du bout du doigt l'apothéose de la langue tchèque - c'est un peu comme si Kafka, Joyce et Harrison conversaient autour d'une chope de bière posée sur une nappe à carreaux dans un pub en rase campagne.
On a donc raisonnablement tendance de penser qu'en prenant au hasard n'importe quoi de Vaculik, on ne peut pas faire un faux pas. Mais "La hache" est un peu comme de belles chaussures qui font mal.
Je me suis demandée si après les années je vais enfin réussir de dompter ce style extrêmement compliqué, mais il n'en est toujours rien - même si, parfois, on sort un peu de sa torpeur en croyant apercevoir quelque vérité absolue.
Vaculik nous balance à la figure un récit sur trois niveaux si subtilement entremêlés, que parfois on change d'époque en plein milieu d'une phrase... et au lecteur de suivre !

Alors, de quoi parle "La hache", ce livre qui hurle fort son message - "réveille toi et PENSE !!" dans ce style onirico- laborieux ?
C'est un récit autobiographique. Une famille sur la frontière Slovaque, pendant la montée et l'établissement de communisme. Il y a le père - qui se laisse confisquer toutes ses terres pour "la cause" et devient le chef d'un kolkhoze local, la tête remplie d'idéaux. Il y a la famille, qui suit, sans vraiment comprendre. Et il y a le fils, le jeune Vaculik, un journaliste intellectuel pragois, qui tente de démontrer les failles de cette "construction collectiviste". Le père peut être borné, mais finalement c'est son simple raisonnement de paysan et la tête bien sur les épaules qui le font comprendre le terrible non-sens de l'époque.
Le récit, plutôt nostalgique malgré tout, est présenté par les flashs rétrospectifs entre enfance/jeunesse/présent. Dans son "présent", le narrateur est au volant de sa voiture pour aller rendre visite à son frère... pour prendre leur vieille hache et aller voler le bois dans la forêt, comme il faisait autrefois avec son père.

Au secours, comment noter un livre pareil ? C'est génial, il y a toute la vie, là dedans ! Mais il faut la trouver, et ce n'est pas facile !
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