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Critique de lalahat


L'Allegro barbaro pour piano est une célèbre pièce de Béla Bartok aux influences folkloriques roumaine, hongroise et slovaque. Dès les premières pages du livre de Philippe Val, on comprend la signification d'Allegro. L'écriture est en effet enlevée et très vivante. le narrateur, journaliste de gauche désabusé et désoeuvré, à 40 ans, relate sa rupture sentimentale avec un brin de désinvolture. Puis entre en scène Bob Volta, riche musicien sombre et dépressif, qu'il ne qualifie pas d'ami. Il s'agit plutôt d'une relation, qui gravite de façon plus ou moins éloignée autour de notre narrateur. Bob Volta réussit péniblement à l'embarquer dans une aventure musicale à travers la Yougoslavie en guerre. C'est alors que commence la descente aux enfers, l'aspect barbaro du roman, l'expérience de la guerre pour des français d'une génération qui ne l'ont jamais connue.

L'écriture de Philippe Val, tout au long du récit, est truculente à souhait et très humaine. le narrateur exprime les choses au travers des sensations perçues par son corps. On pourrait tenir le compte de l'apparition du mot corps dans l'ensemble du texte ; c'est celui qui revient le plus souvent. Philippe Val fait ainsi partager à son lecteur des émotions ressenties avec beaucoup d'acuité. Il crée, ce faisant, une sorte de proximité entre le lecteur et son personnage qui devient comme un ami. En même temps, l'approche du narrateur se fait par petites touches, très progressivement au fil du récit : ce n'est qu'à la page 40 que l'on arrive à une réelle description du personnage, seulement à la page 43 que l'on apprend son prénom, Micky, et il faut arriver page 86 pour avoir un retour sur son passé dans les radios libres. Des constantes malgré tout nous le rendent familier : la bossa nova de Joao Gilberto qui le transporte, ses chats qu'il évoque à plusieurs reprises, Spinoza.

Dans ce premier roman, Philippe Val déploie une grande maîtrise d'écriture. le style basé sur une expression directe et simple, riche en métaphores, n'est pas dénué d'humour ni d'autodérision. La lecture est un vrai plaisir. L'aspect politique est abordé avec une distance qui n'enlève rien à la gravité du sujet mais le rend beaucoup plus digeste.
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