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Critique de Ileauxtresors


Dans ce roman, l'autrice belge Joëlle van Hee n'y va pas par quatre chemins pour nous parler de choses graves et universelles, mais parvient à le faire sans pathos, avec beaucoup de tendresse, d'humanité et même de l'humour !

Son protagoniste, Antonin, doit faire face à une épreuve terrible : la maladie d'Alzheimer de son grand-père, qu'il adore. le roman évoque, à travers son regard, de façon juste et touchante la souffrance et les réactions parfois maladroites des membres de la famille, le malaise, l'appréhension et le dégoût d'Antonin en découvrant la « section spéciale » où réside son grand-père et la démence des malades - les « schmouls », comme Antonin les nomme spontanément lors de sa première visite. Son sentiment d'impuissance face à l'inéluctable déclin de cet homme qu'Antonin a toujours connu droit et fort, et qu'il admire tant. Ce livre, parce qu'il est si brut et direct, permet d'apprendre beaucoup de choses sur Alzheimer et la fin de vie.

Mais ce ne serait pas rendre justice au roman que de le réduire à cela : il raconte aussi et surtout la tendresse éprouvée par Antonin à l'égard de son grand-père et la manière dont il parvient à apprivoiser ses troubles – et ceux des autres résidents – et à accompagner le vieil homme le mieux possible. L'élan de cohésion familiale face à l'épreuve est restitué de façon juste et belle. J'y ai vu une belle invitation à profiter de la vie et à cultiver les liens si précieux avec ceux qui nous sont les plus chers, même lorsqu'ils ne sont plus ceux qu'ils avaient pu être.

Le roman vit aussi d'une intrigue passionnante, puisque le grand-père d'Antonin semble hanté par un secret remontant à la période tourmentée de la Seconde guerre mondiale : parviendra-t-il à se confier à son petit fils avant que ses souvenirs ne se dissipent complètement ? Et Antonin, qui souhaite de toutes ses forces pouvoir aider son grand-père à se libérer de son fardeau, a-t-il vraiment envie de connaître la vérité ?

Merci beaucoup aux éditions du Jasmin qui m'ont permis de découvrir Mémoire en eaux troubles. Il s'agit d'un livre très riche et touchant qui donne une belle leçon d'humanité. À titre personnel, j'ai toutefois été un peu dérangée par le registre de la narration : une langue très directe, souvent familière, ironique et ponctuée d'interjections et de points d'exclamation, dont j'imagine qu'elle est supposée refléter l'expression d'un adolescent écorché qui raconte son histoire à l'oral, ou même qui se confie à un journal intime (le lecteur est parfois tutoyé et pris à partie). Ce registre de langue m'a gênée pour entrer pleinement dans l'histoire, mais cela ne m'a pas empêchée d'être émue par la dernière partie du roman. Et cela ne représente que mon expérience subjective et ne perturbera sans doute pas la lecture du coeur de cible du roman, les lecteurs qui ont l'âge d'Antonin !
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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