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Critique de BazaR


Le Jack Vance nouveau est arrivé !

Vous pensez que je délire, que le gars a cassé sa pipe depuis longtemps et que les fantômes n'écrivent pas de romans…
Oui et non. Ma phrase est vraie et plus compréhensible si on rajoute « en France ». En effet, les éditions le Bélial' ont eu la bonne idée de traduire en français le dernier roman de l'auteur qui ne l'était pas encore. Pour l'occasion, j'ai donné un bon coup de pied à mes résolutions de réduire ma PAL et je l'ai acheté.

Ce nouveau roman est en fait l'un des plus anciens vu qu'il date du début des années 1950. Je l'ai trouvé assez original par rapport à l'ensemble de l'oeuvre de Vance. D'abord par le thème qui est la piraterie au tout début de l'ère spatiale. L'auteur nous a habitués à des récits placés dans un futur très lointain où l'humanité a essaimé la Voie Lactée ; il se contente ici de la Lune, Vénus et Mars, les deux planètes montrant un visage très « fifties » plus vivables et colorées qu'elles ne le sont dans la réalité.
Autre aspect peu répandu chez Vance : la volonté de décrire les techniques de vol spatial lors de passages très « hard science » (suffisamment rares pour ne pas entartrer le fil de l'histoire, pour ceux que ce genre de prose barbe).
Enfin, le récit peut sans risque être qualifié de « jeunesse ». le héros est un ado plein de courage et d'intelligence qui va, à lui tout seul, mettre des troncs d'arbre dans les roues des pirates de l'espace. Dick est beaucoup plus vivant que les héros froids habituels de Vance (partie SF de son oeuvre). Il m'a fait penser à Tintin, aux héros du roman de Jules Verne « Deux ans de vacances » aussi bien qu'aux personnages du dessin animé Scoubidou (ce dernier pour la trame du récit également). En contrepartie, le récit est plutôt cousu de fil blanc et les interlocuteurs de Dick, tous adultes, sont particulièrement apathiques ou faciles à berner. Cela n'enlève rien au plaisir de lecture de ce court récit.

Curieusement, c'est peut-être l'avant-propos de Jack Vance qui m'a le plus fait d'effet. Il y décrit une vision de l'avenir proche, annonçant la conquête de la Lune pour 1965 (pas tombé loin) et l'apparition de la piraterie spatiale dès 1985. Cela m'a poussé à me demander pourquoi je lisais encore aujourd'hui des récits de science-fiction.
Quand j'ai commencé, j'avais en tête des visions proches de celle de Vance. La Lune était conquise depuis une dizaine d'années, les sondes Voyager parcouraient le Système Solaire et la Navette Spatiale prenait son envol. Je voyais le futur de l'humanité dans les étoiles et la SF m'aidait à découvrir ce futur.
Je n'avais pas intégré que toutes les aventures de l'homme, y compris les plus folles, devaient être piquées par l'aiguillon du commerce. La rentabilité de la conquête de l'espace ne semblant pas aller de soi, j'ai vu mes illusions s'effondrer. Nous sommes bloqués sur Terre pour un bout de temps.
Je crois que si je continue à lire de la SF, c'est plus par nostalgie de mes illusions que pour ses visions du futur. Ce n'est pas un hasard si je lis dans ce domaine plus d'Anciens que de Modernes, une SF au goût désormais vintage où le voyage spatial côtoie la pellicule photo et la bande magnétique. La SF est une vision du passé.
Assez pathétique comme constat.
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