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Critique de evascardapelle


Dans son petit village andalou, Miguel est un piètre vendeur de bonbons. Ses clients l'adorent mais il se fiche de récupérer l'argent qui est dû à son patron. Sa femme est exaspérée par son insousciance alors que le foyer peine à joindre les deux bouts. Miguel se rêve écrivain. Mais dans sa vie, rien ne l'inspire. Il se dit que pour parvenir à écrire, il doit vivre des expériences et des aventures palpitantes.
Alors que l'ETA plonge l'Espagne dans l'horreur dans les années 2000, il est recruté par l'Etat pour devenir un.... "chien". le voilà parti pour Navarre avec femme et enfants pour protéger Javier, un élu.

Marc Bellido signe cette fiction, s'inspirant de son expérience personnelle, de plus de 350 pages qui aborde l'existence de ceux qu'on qualifiaient de "chiens". "Les chiens, c'était les gardes du corps qui protègeaient les personnalités politiques et intellectuelles des attaques surprises que l'ETA (1959-2018) commit dans les années 2000. A partir de 1995, l'ETA renforce ses actions au pays basque contre des politiques, des intellectuels et des policiers considérés comme des traitres. L'état doit recruter, en hâte et sans aucune formation, des gardes du corps.

On assiste à la transformation d'un homme plutôt insouciant et enjoué en un homme méthodique et rigoureux.
Si le passage de l'un à l'autre permet d'augmenter la condition sociale du foyer, il signera définitivement l'arrêt de mort du couple formé par Miguel et Ana.
En effet, il s'agit de protéger Javier à chacune de ses (longues) sorties personnelles ou professionnelles, peu importent les événements familiaux.
Le "chien" est à la disposition d'une personnalité. il peut être réquisitionné à n'importe quelle heure de la nuit et posté dans une voiture à attendre de très longues heures.
Perdre sa vie pour protéger celle d'un autre. Voilà le sacrifice de Miguel.

Sans la présence de la talentueuse Judith Vanistandael, ce roman graphique manquerait pourtant d'envergure, même si je ne me suis pas ennuyée.
Marc Bellido s'attache davantage à la destinée de son personnage qu'aux enjeux politiques et sociétaux de l'époque.
L'horreur de la situation se traduit dans le graphisme sombre de Vanistandael, dans l'attente interminable en voiture ou dans ces bulles qui se repètent comme l'inspection de la caisse des véhicules.
Si ce saut périlleux dans le temps (Salto !) permet à Marc Bellido de réaliser enfin son rêve, il nous permet d'appréhender le destin terrible de
ces hommes et ces femmes pris dans une tornade meurtrière qui aura duré près de 60 ans.
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