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Critique de Mayakrochka


Contradictions, féminité, masculinité, modernité, tradition, espoir et échec : Rhapsodie persane mêle avec poésie et lyrisme tous ces grands conflits.
Le roman nous transporte aux côtés d'un jeune garçon issu d'une famille de la bonne société, Parviz, au milieu d'un paysage oriental parsemé de caravansérails, de mosquées, parcouru par des mollahs, des derviches, des shahs corrompus, des voiles voluptueux et des garçons nostalgiques. C'est avant tout le récit d'une jeunesse intrépide, parfois insouciante, parfois mélancolique, vigoureuse et sensuelle, en quête d'une identité : car Parviz y est tour à tour homme, femme, enfant, adulte, riche, mendiant, mystique, libertin.

Dans cet Iran du XIXème siècle, Parviz se souvient de son enfance heureuse à Chiraz, aux côtés de sa mère, d'un père aimant, le Hadji Hossein, de sa très respectée grand-mère Bibi Zahra et de l'influent oncle Siavouche. Mais comme dans toutes les jeunesses littéraires, l'illusion du bonheur s'essouffle : la mort soudaine du père, suivie de celle de la chère grand-mère, vient y mettre un terme. le second mariage de la mère avec un homme exécrable n'arrange rien. Adolescent, Parviz fuit les élucubrations coraniques pour se consacrer à l'amour charnel, dont il découvre les saveurs avec Mariame, la femme du Mollah chargé de l'éducation de Parviz. Les deux jeunes gens, comprenant que Chiraz n'a désormais plus rien à leur offrir, décident de laisser la ville derrière eux et s'enfuient, lui déguisé en femme, vers la belle Ispahan, où ils trouvent refuge dans un lieu mythique et mystique. Mais la lassitude revient en force : la rencontre de la jeune Mah-Sima, la fille du ministre, est décisive pour Parviz, qui, toujours enveloppé de ses voiles, devient l'une de ses dames de compagnie. Néanmoins, le chirazien ne connait pas le repos et doit de nouveau s'enfuir, menant dès lors une vie de bohême, qui ne prendra fin qu'au moment où il retrouvera son oncle Siavouche à Téhéran, et mènera une vie heureuse, pour quelques temps.

C'est un récit de l'inconstance, auquel se confronte le lecteur, une inconstance à l'image de la situation politique et sociale de l'Iran, ballottés entre les nationalismes, les influences étrangères, le poids de la morale religieuse et les convictions libérales du peuple, le goût pour la tradition et l'attrait irrésistible de la modernité. Tout, dans Parviz est reflet de cette inconstance : son identité, ses envies, ses émotions, ses joies et ses tristesses, inextricablement liées. Ambivalence et incertitude sont au goût du roman. Ses actes, s'ils s'inscrivent dans une quête du bonheur, ne sont pas sans conséquence : la perte, la mort, l'errance, bouleversent constamment ce récit tendre et innocent. Culpabilité et désespoir rythment la vie de Parviz, dont chaque pas semble amener son lot de malheur, comme en témoigne la terrible chute du roman. Parviz est une innocente malédiction. Mais Parviz, Ulysse persan en quête d'identité, en chemin vers une maturité parsemée d'obstacles, rayonne par son lyrisme, sa sensualité, son mystère, sa naïveté, son enthousiasme, son audace ; il nous invite au voyage, à l'abandon de nous-même, à la poésie, au rêve, au merveilleux : et c'est cette invitation chaleureuse au sein de son intimité ambigüe, ce « suivez-moi » sur cette route des tribulations, qui fait tout le charme et la modernité du roman.
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