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Critique de Tagrawla


Quand on ouvre une oeuvre de Mario Vargas Llosa, on sait qu'on ne va pas rire. S'il est indéniablement l'un des plus grands écrivains vivants de la planète, il faut reconnaître que comme comique, il ne vaut pas tripette. Quand en plus il s'attaque à nous raconter une dictature et l'assassinat d'un tyran, mieux vaut être prévenu et s'accrocher à son estomac.
Car "le Bouc", ici, c'est Rafael Leónidas Trujillo Molina, une des plus belles ordures du XXe siècle, dictateur en République Dominicaine de 1931 jusqu'à son assassinat en 1960. Et à travers son récit, Mario Vargas Llosa, qui est particulièrement doué pour observer la noirceur des âmes et des sociétés, ne nous épargne rien de ce que peut être une dictature militaire.
La lecture en est donc pour le moins ardue. Pas par le style : Vargas Llosa n'est pas de ces auteurs qui étalent des phrases alambiquées sur trois pages. En fait, en terme de style, c'est du pur bonheur pour le lecteur et une énorme leçon façon claque dans la tronche pour qui écrit. Je ne connais aucun autre auteur capable de faire se superposer deux dialogues éloignés de quarante ans sans jamais égarer le lecteur. Mais si des centaines de livres ont été écrit pour parler de dictatures, celui-là est le seul qui m'ait franchement retourné l'estomac. Pas seulement parce qu'il y a trois pages de torture - c'est peu, trois pages sur plus de cinq cents - mais parce qu'on y comprend pourquoi et comment tout un peuple peut baisser la tête et se résigner. L'intérêt, la lâcheté et la fascination pour ce qu'il y a de plus abject, l'acceptation du pire : Vargas Llosa, auteur éminemment politique, sait nous les décrire sans la moindre concession et c'est d'autant plus difficile à accepter que c'est terriblement vrai.
En outre, j'ignorais absolument tout de la République Dominicaine hormis sa position géographique, et je ressors de cette lecture beaucoup moins ignorante. Une raison supplémentaire de ne pas hésiter à découvrir La fête au Bouc.
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