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06 novembre 2011
Après avoir rappelé les généalogies et les pérégrinations du mot paria, Eleni Varikas dans ce remarquable livre nous livre des réflexions emprises d'une grande culture.

Elle restitue la figure du paria, non à coté de la modernité, mais dans les processus d'émancipation même « C'est parce que le paria est le produit de ces tensions constitutives de la modernité, et qu'il a la capacité d'articuler et de faire parler entre elles ces tensions dans leurs configurations les plus diverses, qu'il acquiert le potentiel protéiforme qui est le sien. Sa plasticité se prête à la représentation des rapports de pouvoir et de hiérarchie de natures et d'origines différentes. »

Pour l'auteure le discours sur l'autre est aussi un discours sur soi. Dans cet occident qui se libère d'une organisation d'ordres hiérarchisés, avec des citoyens abstraitement égaux, l'émancipation ne vaut pas pour tous ni pour toutes, esclaves, « hommes de couleur libres », juifs, femmes, peuples, prolétaires, etc. Elle nous invite à déplacer nos réflexions au processus de stigmatisation et de nouvelles hiérarchisations. « Prendre au sérieux cette polysémie et cette polyphonie implique de déplacer notre attention de la spécificité de chacun des groupes stigmatisés au processus de stigmatisation lui-même, du problème de la différence – ou de la différence comme problème – à celui de la différenciation hiérarchique ». Sans oublier que la légitimation des dominations passe souvent par des processus de naturalisation des inégalités.

Et Eleni Varikas de nous interpeller : « La construction de la différence est, de ce point de vue également, une construction sociale de l'universel et du particulier vu que la différence n'est plus un rapport entre deux particularités, mais une déviation ou un écart de norme. »

Un grand livre qu'il faudra encore longtemps mettre à jour, malheureusement.
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