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Critique de AnnaDulac


Claire Vassé, journaliste et écrivain, a perdu Claude Miller, cinéaste. Il est mort en 2012 et elle n'a pas eu le droit d'être auprès de lui. Malgré les « empêchements personnels » (Claude Miller était marié, père et grand-père et il avait vingt-huit ans de plus que Claire), ils s'aimaient et avaient eu une petite fille.

Que faire alors d'un tel chagrin, d'une telle tragédie ? Les enfouir, les cacher ? Non. Claire Vassé a choisi de faire du « corps empêché » de Claude Miller, le « corps d'un livre ». Elle lui écrit ce texte merveilleux comme on écrit une lettre, pour le garder vivant. Elle lui dit : « de là où tu es, tu es ici » et « Ce n'est pas un livre sur toi, mais un livre avec toi ».

Il n'y a rien de mièvre dans cette longue lettre qui ne cache rien des difficultés et des ruptures, des colères et des désarrois, de la cruauté de la maladie. Rien d'impudique cependant.

Claire Vassé nous prouve que l'écriture sauve la vie. Elle lui permet comme elle le dit magnifiquement d'« arrêter de flotter dans l'existence comme dans un vêtement trop grand pour elle ». Il ne s'agit pas de « combler des manques », mais au contraire de saisir le réel à pleines mains, de le déchiffrer, de tisser ensemble tous les signes pour leur donner du sens.

De son histoire personnelle, Claire Vassé a tiré un récit à portée universelle. Elle dépasse l'anecdote. Certes, on trouvera dans son livre de nombreuses allusions qui éclairent l'art du cinéaste qu'était Claude Miller, mais aussi des réflexions sur l'amour et la séparation. Jamais d'amertume. Jamais. Partir dans une autre dimension. Au lieu de dire « je t'ai dans la peau », dire « je t'ai dans l'âme » et cela ni la mort ni la maladie ne pourront le détruire.

Et ne pas oublier la joie, celle qu'apporte Joséphine, l'enfant De Claire et de Claude.

J'ai aimé infiniment ce texte délicat, écrit dans une langue efficace et poétique.
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