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Critique de Presence


Ce tome contient les 6 premiers épisodes de la série débutée en 2003. le scénario est de Brian K. Vaughan, et les illustrations d'Adrian Alphona.

Quelque part dans une villa à Malibu, Alex Wilder joue à un MMORPG à base de superhéros Marvel, quand ses parents arrivent pour lui rappeler qu'il doit se préparer à accueillir 5 adolescents dont les parents viennent pour se réunir avec les siens. Comme tous les ans, les parents vont parler oeuvres de charité dans le salon, pendant que leurs enfants s'amuseront comme ils le souhaitent. Tout le monde arrive et Alex Wilder retrouve Nico Minoru, Karolina Dean, Molly Hayes, Chase, Stein et Gertrude Yorkes. Alors qu'ils s'ennuient ferme dans la salle de jeux, Alex propose aux plus grands d'aller espionner les parents pour savoir de quoi ils discutent vraiment. En effet la demeure des Wilder dispose de passages secrets du fait de l'obsession du père pour la sécurité. C'est ainsi que 4 d'entre eux assistent médusés à ce qui semble un meurtre rituel perpétré par le père d'Alex devant les 11 autres parents. À partir de là, les 6 adolescents vont remettre en question l'autorité parentale, essayer d'en savoir plus, et s'interroger sur la nécessité de dénoncer leurs parents à la justice, et comment le faire pour être crus.

En 2003, l'éditeur Marvel lance plusieurs séries destinées à conquérir un lectorat plus jeune, dans une branche éditoriale baptisée Tsunami. Parmi ces séries se trouvent Emma Frost et Mystique, basées sur des personnages existant dans l'univers Marvel traditionnel, et d'autres séries entièrement nouvelles comme celle des Runaways. L'idée repose sur des scénarios plus simples, ne nécessitant pas une connaissance encyclopédique des recoins de l'univers 616, avec des intrigues faciles à suivre, et en incorporant si possible une influence manga (quoi que cela puisse vouloir dire). Brian K. Vaughan s'en tient à la lettre de sa mission. Il invente de toute pièce 6 nouveaux héros qui sont plus des adolescents que des jeunes adultes. Il les installe dans un coin pas trop fréquenté de l'univers Marvel : la côte Ouest des États-Unis. Il se tient à l'écart des noms de code et des costumes moulants et colorés propres aux superhéros.

L'histoire démarre lentement, le temps que le lecteur puisse assimiler qui est qui dans les nouveaux personnages. Il est aidé en cela par les illustrations simples d'Adrian Alphona qui donne une identité visuelle forte à chacun des jeunes, sans les transformer en caricature. le mode narratif emprunte des éléments à différents types de récits, dont le roman pour jeune adolescent. le lecteur a ainsi droit au jeu vidéo incompréhensible par les parents, aux retrouvailles inconfortables entre les 6 héros qui ont grandi et évolué depuis leur dernière rencontre, un an auparavant, à la capacité de s'émerveiller devant chacune de leurs trouvailles, aux prises de position absolue, et même à la scène de premier baiser. C'est tout à l'honneur de Vaughan d'éviter de caricaturer ses personnages, de ne pas en faire des enfants attardés, des geeks, ou des midinettes décérébrées. La contrepartie de ces profils psychologiques mesurés, c'est qu'il faut du temps pour découvrir les uns et les autres, et développer de l'empathie pour eux (au moins 5 épisodes en ce qui me concerne).

La narration pioche également dans la littérature jeunesse (mais ça faisait partie de la lettre de mission éditoriale). Non seulement, les passages secrets évoquent un dispositif enfantin, mais il y a plusieurs autres éléments qui appartiennent à un registre lecture jeunesse. Par exemple, Gertrude Yorkes découvre que ses parents ont choisi de lui offrir un vrai dinosaure en guise d'animal protecteur. Elle se promène donc tout au long de l'histoire avec un vélociraptor génétiquement modifié.

Les illustrations évoquent également la littérature jeunesse. Adrian Alphona réalise des planches aérées avec une moyenne de 4 cases par page. Il délimite les contours des personnages d'un trait relativement fin, et il évite de surcharger les formes ainsi dessinées. Cela donne une apparence un peu simpliste aux dessins qui évoquent les ouvrages réalisés pour les enfants de 10 ans. Malgré tout, Alphona insère des détails qui évitent que les graphismes basculent dans l'illustration infantile. Chaque adolescent dispose de son propre style vestimentaire. Chaque visage a une forme particulière. Il a l'oeil pour représenter le langage corporel des adolescents entre expressions exagérées et un peu trop mignonnes et interactions physiques réalistes (magnifique partie de Twister). Alphona ne pratique pas la simplification abêtissante, mais plutôt celle qui facilite la lecture de chaque image. Ce style atteint ses limites avec la représentation des parents dont les costumes de supercriminels sont ridicules de simplisme et de banalité. En fait les illustrations évoquent le style des dessins animés pour la tranche 10-12 ans, avec des détails en plus.

Et au milieu de cette histoire qui flirte parfois avec la guimauve, le lecteur surprend des références culturelles plus ou moins faciles à déceler. La première est mise en évidence : Nico Minoru vient rendre les DVD du Prisonnier à Alex. La dernière référence est également facile à replacer : Alex déclare qu'il espère mourir avant de devenir vieux à l'instar de Roger Daltrey dans "My generation" des Who. Par contre, il est vraisemblable que beaucoup d'autres m'aient échappées car Vaughan pioche aussi bien dans les vieux films américains comme Arsenic & vieilles dentelles où Gertrude va choisir son surnom, que dans la chanson du générique de The Beverly Hillbillies ("The Ballad of Jed Clampett" interprété par Lester Flatt et Earl Scruggs) citée par Chase Stein dans l'épisode 4 ("Hills, Berverly Hills, that is.")

Le début de cette série se laisse lire, mais sans créer d'attente particulière, avec un ton un peu trop ciblé sur une tranche d'âge spécifique de lecteurs.
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