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Critique de Presence


Ce tome contient les épisodes 1 à 13 de la série parue en 2003/2004. Les épisodes suivants se trouvent dans Mystique by Sean Mckeever (épisodes 14 à 24).

Au Kremlin, Prudence Leighton (une jeune mutante) saute par une fenêtre, se reçoit sur ses talons hauts et est interceptée par Steinbeck (un autre mutant). Il l'incinère sur place pour qu'elle ne puisse pas s'enfuir avec les données qu'elle a subtilisées. Cette jeune femme travaillait pour Charles Xavier, en tant qu'agent secret. Pour la remplacer, le professeur Xavier a déjà choisi sa nouvelle recrue, mais il a besoin de l'aide de Forge pour s'assurer de sa coopération. Mystique (Raven Darkhölme) est donc recrutée par Xavier grâce à une forme de chantage pour accomplir des missions secrètes qui requièrent une discrétion incompatible avec un groupe comme les X-Men. Xavier lui affecte un agent de liaison nommé Shortpack (lui aussi un mutant) et l'envoie sur des missions d'infiltration à Cuba, à Pyongyang, etc. Mais Mystique se fait aborder par un autre agent au service d'un ennemi de Charles Xavier pour jouer les agents doubles.

Il m'aura fallu un peu de temps pour accepter que Charles Xavier puisse recourir à Mystique comme agent secret, et encore un peu plus de temps pour accepter que Mystique puisse jouer le jeu. Il faut dire que Brian K. Vaughan prend son temps pour développer les motivations de Mystique. Il préfère commencer par installer la mécanique de ses intrigues. Mystique a droit à des gadgets technologiques fabriqués par Forge, elle est chaperonnée par un autre mutant qui lui donne des indications par télépathie au fur et à mesure de l'avancement de sa mission. Vaughan ajoute une légère touche d'humour en faisant en sorte que la mission dérape forcément en défaveur de Mystique. Mais bon, les premiers épisodes se laissent lire tranquillement, sans être ni mémorables, ni désagréables. Ce n'est que très lentement que Vaughan commence à regarder de plus près les motivations de Mystique et à révéler un être complexe qui peut effectivement avoir été une mutante terroriste par le passé, et s'accommoder dans le présent de servir la bonne cause sous la menace. Cet aspect prend d'autant plus de saveur que Vaughan évite de tomber dans l'angélisme. Mystique ne travaille que dans son intérêt et dans la logique de son profil psychologique qui se révèle petit à petit. Cette composante de l'histoire permet d'extraire les intrigues du ronron pour en faire quelque chose de plus subtil.

L'autre élément développé par Vaughan (et plus inattendu) réside dans la clarification des pouvoirs de Mystique. Vaughan n'hésite pas à aborder la question des changements de costumes à volonté de Mystique, ainsi que la conservation de la masse quel que soit le volume de la forme adoptée. Cet aspect va au-delà des transformations de base avec une idée intéressante pour les poches et le camouflage d'un pistolet. du coup, cette dame devient un être aux capacités beaucoup plus subversives puisqu'elle peut prendre n'importe quelle apparence, mais aussi donner n'importe quelle forme à toute partie de son anatomie. Cela donne lieu à quelques usages très inventifs de ce superpouvoir.

Plusieurs dessinateurs se succèdent : Jorge Lucas (épisodes 1 à 6), Michael Ryan (épisodes 7 à 10 et 13) et Manuel García (épisodes 11 et 12). le style de Jorge Lucas présente de bons cotés, et également des tics énervant. Dans le moins agréable, il y a sa propension à n'utiliser que des traits très fins pour délimiter des silhouettes simplistes, sans encrage, avec une forte influence de Marc Silvestri (dans ses tics les plus irritants). Il y a également les postures peu naturelles des personnages. Par contre, ce dessinateur a un penchant inattendu pour les décors soignés tels l'appartement qui sert de base d'opération à Mystique. le lecteur peut contempler le tapis à motifs complexes et réalistes, la table basse qui sert vraiment à déposer des objets, la superbe porte-fenêtre, la cheminée avec les briques réfractaires, le canapé qui a l'air très confortable, etc. Ce sont ce genre de détails qui sauve les illustrations d'un copier-coller malhabile d'un croisement entre Silvestri et Liefeld.

Le style de Michael Ryan diffère sensiblement de celui de Lucas. Il utilise beaucoup plus les à-plats de gris pour figurer l'ombrage, mais aussi pour donner une texture aux vêtements et aux revêtements. La faible densité du scénario nécessite une moyenne de 4 cases par page, ce qui est assez peu. Et Ryan (qui réalise lui-même l'encrage de ses dessins) en profite pour se faire plaisir, et faire plaisir au lecteur. Il apporte lui aussi un grand soin aux décors ce qui donne à chaque endroit un cachet particulier appréciable, qu'il s'agisse d'une chambre d'hôtel ou d'un bar. Il sait rendre les visages expressifs (et plus crédibles que Michael Ryan) en insérant même quelques moues. Mystique retrouve une taille de poitrine normale et crédible et devient également beaucoup plus séduisante.

Le travail de Manuel García est d'un niveau satisfaisant, mais avec une baisse de qualité dans les décors, et une saveur un peu plus fade que les 2 autres.

Brian K. Vaughan n'en met pas plein la vue dès le départ, mais petit à petit il développe des éléments inattendus et de plus en plus nuancés sur le personnage de Raven Darkhölme, tout en faisant preuve d'inventivité sur l'usage de son superpouvoir, là aussi sans avoir l'air d'y toucher. Malheureusement, l'histoire ne se termine pas avec ces 13 épisodes, et la suite est écrite par Sean McKeever, un autre scénariste.
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