AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de OverTheMoonWithBooks


" Connaissez-vous vraiment Ronsard, La Fontaine ou Zola ?"

Belle formule choisie par l'éditeur pour interpeller le lecteur curieux : une petite (ré) exploration de la littérature française de la Renaissance (avec Louise Labbé pour l'ouverture) et la Belle Epoque (et c'est Pierre Loüys qui clôt le début du 20° siècle).
On passe d'auteurs très connus à d'autres tombés dans l'oubli. Chaque texte étant précédé d'une note explicative sur l'auteur, et la part d'érotisme dans son œuvre. Bien entendu, comme toute anthologie - ou recueil de poèmes - tous les textes ne se valent pas, mais cela m'a permis de voir certains auteurs autrement, ou confirmer mes goûts.

Toutefois, si je ne devais utiliser qu'un mot pour résumer cette lecture, ce serait : étonnement. J'ai été très étonner de constater :

* la qualité littéraire de certains textes !! (comparée aux grosses daubes dites ultra chaudes d'aujourd'hui, qui sont en faites mal écrites et d'une banalité affligeante)
Cette qualité apparaît surtout dans les textes où l'érotisme fait partie intégrante du jeu de séduction, et permet donc d'avoir un discours sur l'amour beaucoup moins "lisse" ;
* en fin de compte, dans la majorité des textes, l'érotisme n'est "qu ' "un élément subversif qui permet de dénoncer ou de se moquer de ce qui est trop bien pensant dans notre belle société française (quelle que soit l'époque) ;
* plus on avance dans le temps et plus les auteurs sont "sages" dans les descriptions. Cela se sent très nettement à partir du 19° siècle. Pourquoi ? La faute aux discours amoureux et les "élans du cœur et des passions" en vogue chez les Romantiques auraient rendu obsolètes les règles rigidissimes qu'il y avait par exemple sous l'Ancien Régime ? Allez savoir.
Comme quoi, plus les "normes" sont strictes, plus les imaginations se débrident !

Chacun peut donc y trouver son compte, que l'on soit amateur du genre ou non (à mon humble avis), car tout y est :
- dénonciations politiques ou sociales (entre royauté, normes bourgeoises, faux-semblant et règles de bienséance trop rigides pour être honnêtes) ;
- simples moqueries, dénigrements ou juste pour rire (Rimbaud) ;
- plaisir d'esthète (Baudelaire) ;
- misogynie (hé oui!) avec l'archétype de la femme soumise, un poil écervelée et malicieuse (frères Goncourt) ;
- féminisme : certaines femmes utilisent ces procédés pour affirmer leur supériorité dans le domaine "privé" et ainsi revendiquer leur droit à être considérées comme des citoyennes à part entière.
Même si, à ce niveau-là, je regrette que Joseph Vebret n'aient pas mis plus de textes de femmes.

Bref il y en a vraiment pour tous les goûts !


Et pour ma part, je ne résiste pas à l'envie de conclure ce billet avec ces vers du "Godemiché royal" , un texte qui circulait sous le manteau en 1789 pour discréditer Louis XVI et Marie-Antoinette (qui prennent ici les traits de Jupiter et Junon). Et ici l'auteur parodie les fameux vers de Corneille (dans Le Cid) en faisant se lamenter Junon, délaissée par son époux :

" Ô rage ! ô désespoir ! chère motte ma mie,
Du membre de Jupin vous n'êtes plus chérie,
Oisivement placée au bas de mon nombril,
Vous n'avez pour espoir qu'un insensible outil. "
Commenter  J’apprécie          190



Ont apprécié cette critique (19)voir plus




{* *}