AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Hedrankopaline


Éthiquement douteux.

Vraiment surprise de toute l'attention positive qu'a reçu ce livre. A mes yeux, c'est exactement l'exemple à ne pas suivre. Ça commençait bien pourtant.

Bon, première déception, je pensais lire un récit plus actuel vu la date de publication, car rien dans le résumé ne permet de situer l'époque à laquelle se déroule l'histoire. Ensuite, le titre français est vendeur, malheureusement ce n'est pas vraiment un travail d'immersion à la tête d'un gang vu que Sudhir Venkatesh ne fait que traîner avec la bande à JT ( le big chief ) et squatter le canapé de la mère de celui-ci pour profiter de la bonne bouffe. D'ailleurs, il va et vient comme dans un moulin, quand je vous disais que le mot "immersion" était abusif, car Sudhir, à la différence des pauvres résidents coincés dans leurs clapiers, part quand ça lui chante. La seule fois où il devient Gang leader for a day ( titre original ) c'est plus une grosse blague qu'autre chose.

Alors oui, l'auteur se met dans les pattes des Black Kings ( le nom est bidon ) sous un faux prétexte qui l'arrange bien ( écrire la bio de JT ) et nous délivre un bon compte-rendu du terrain miné où vivent ces gens défavorisés dans les 90's, ils sont humanisés… Seulement, il ne remet jamais en question leur logique et ne cherche jamais vraiment très loin au-delà des témoignages. Pire, par son manque de méthode et de jugeote, il va jusqu'à créer encore plus de problèmes aux pauvres gars qu'il a pris pour cibles d'étude et qui se feront bien taxer par son super ami JT grâce à lui.

Impossible aussi pour moi de zapper le fait qu'il exploite leur confiance sans vraiment de remords à seule fin d'écrire son mémoire. Mais bon, après tout, c'est comme ça que ça marche aux Robert Taylor, ça magouille. La vie continue ! et lui il la continuera loin de tout ça une fois empoché son diplôme, en les laissant tous sur le carreau, pas "d'ami" qui tienne après avoir déballé leurs vies pour réussir la sienne.

Son opportunisme bienheureux m'a vraiment dégoûtée sur la fin. Ce récit est très autocentré. L'auteur a une attitude que je ne respecte pas ; il est là sans s'engager pour de bon derrière sa petite sympathie, en se disant que les lois qu'il enfreint dans le giron de ses nouveaux potes cools, c'est pour l'avenir des sciences sociales. Ou se faire un nom dans le milieu universitaire... Sudhir tombe des nues quand il apprend qu'il pourrait être passible de poursuites judiciaires parce que, par exemple, il était présent quand le gang a organisé une fusillade. Mais il a dormi pendant tous ses semestres, ou quoi ?

Sa capacité à se voiler la face et son incapacité à forer son introspection plus loin que son ego sont assez étonnantes étant donné son domaine d'étude. Certes, il vient d'une banlieue aisée ( une bulle dans un autre espace-temps à ce niveau ), mais même les pieds dans la misère noire, il ne sort jamais vraiment de ses beaux quartiers, situés à Los Angeles rappelons-le, ville de gangs s'il en fut. Jamais il ne fera partie de ce qu'il était venu étudier sur le terrain. Y'a de l'idée, hein, mais vous ne verrez que la surface en lisant ce livre qui aurait pu être beaucoup plus riche s'il y avait eu plus d'attention et de rigueur. On parle d'années de recherche là ! C'est à la fois une grande arnaque et un miracle, l'auteur aurait pu se faire tuer d'entrée de jeu. Ç'aurait pu être du courage mais, vu ce qu'on perçoit de sa personnalité, on appellera ça de la naïveté.
Pour être franche, une fois le livre lu, j'en suis venue à douter de la véracité de tout ceci.


Plus d'étalage que de substance.
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}