AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Marie987654321


Voici le recueil quelque peu érudit d'un éminent médiéviste sur le voyage au Moyen Age.

Il introduit d'abord son propos en indiquant bien que parler de voyage au Moyen au Moyen Age n'a aucun rapport culturel avec le voyage tel qu'on l'entend aujourd'hui. le voyage n'est pas une distraction mais correspond, pour ceux qui le pratique, à une nécessité : pour faire du commerce, que ce soit dans quelque foire à quelques jours de marche ou à l'autre bout de monde connu comme Marco Polo. Il est parfois voulu pour remplir ses devoirs de chrétiens : aller en pèlerinage ou partir en croisade. L'idéologie chrétienne imprègne aussi les représentations du voyage : le Christ et ses apôtres ne sont pas restés en place. La mission d'évangélisation pousse des moines sur les routes. En outre, n'oublions pas que le chrétien est un simple pèlerin de passage sur terre donc toujours en voyage. Les rois et les diplomates voyagent. Durant le Haut Moyen Age, le roi se doit se déplacer en permanence dans ses possessions, sa présence physique étant essentielle.
Les rois doivent aussi se rencontrer et parlementer : de telles rencontres peuvent prendre des semaines voire des mois. Enfin, la volonté d'apprendre pousse aussi au voyage : pour aller étudier dans une université ou, pour une minorité, partir explorer le vaste monde.

La première partie du livre s'intéresse à comment on voyage : à pied, à cheval, en bateau.. Ensuite l'auteur centre son attention sur qui voyage et pourquoi : les rois, les commerçants, les paysans, les étudiants avec soulignant l'évolution entre le début et la fin de la période. Ce choix conduit à réutiliser les mêmes exemples et illustrations et donc à des redites, un peu pesantes.

Sans prétendre remettre en cause la différence "philosophique" évoquée par l'auteur entre le voyage aujourd'hui et le voyage alors, je n'en ai pas été totalement convaincue; en me basant sur les exemples même donnés par Jean Verdon. J'ai trouvé plus de points communs que de différences.. une question de regard !
Les voyageurs du Moyen Age n'était pas insensibles à la beauté des lieux visités et à la découvert des peuples comme peut être le voyageur d'aujourd'hui, même s'ils ne partaient pas pour cela. La littérature médiévale est envahie par l'idée du voyage initiatique. C'est la figure du chevalier qui part pour se forger et affronter des dangers.
Le voyage aujourd'hui n'est pas toujours si différent : on voyage aussi pour le commerce, le travail, les études, la découverte. Des jeunes gens bien lotis ont la chance de pouvoir partir une année ou plus dans un pays étranger pour y rencontrer qui ils sont et se forger une expérience. Certains autres partent même faire la guerre sainte. Les puissants se rencontrent à Davos ou au G 20.

Le voyage n'a parfois d'autre but que lui même, qu'échapper à son quotidien, se fuir soi-même, comme le dit l'auteur. Mais là on commence à parler de vacances, de tourisme. Et il me semble que si on va se dorer sur une plage dans un club à l'autre bout du monde (ce qui est très agréable) on se déplace, on quitte son quotidien, mais on ne voyage pas nécessairement. le tourisme est bien lui une forme de "voyage" inventée récemment.

le monde est peut être connu en ce sens qu'il n'y a pu de territoires à découvrir mais les sociétés humaines restent en perpétuelle évolution et méritent qu'on les re-découvrent régulièrement. En même temps, le voyage, plus facile, n'est pas aussi nécessaire grâce aux moyens de communications. Pour autant, l'envie de rencontrer le monde, et non pas seulement de le voir de loin par la médiation d'un écran, reste.

Les modalités ont bien sûr drastiquement changé. le temps, élément essentiel, s'est rétréci. La difficulté et les dangers encourus sont sans rapport avec les dangers courus par les voyageurs médiévaux. le voyageur d'aujourd'hui est à peu près assuré de revenir chez lui, sauf catastrophe particulière et il peut, même depuis peu, donner chaque jour des nouvelles à ses proches.

Je crois que le désir de voir au-delà de l'horizon est une composante essentielle de l'histoire humaine, un de ces moteurs.
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}