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Critique de oran


Si vous êtes adepte d'un style concis, sobre, si vous privilégiez les livres peu dodus, bien ordonnés par chapitre, passez, sans regret, votre chemin. Cette lecture n'est pas pour vous.
A l'inverse, si vous préférez une littérature enthousiaste, fleurie, où chaque détail est minutieusement amplifié par une pléthore d'adjectifs pétillants, surabondante en descriptions fantasques, logorrhéique en métaphores, foisonnante en figures de style alors ce roman luxuriant est bien pour vous et vous vous y plongerez avec bonheur.
Marsovie , au coeur de l'Europe , ressemble étrangement à une certaine principauté bordant la méditerranée. C'est un grand-duché d'opérettes . Quand on réside dans une telle contrée, il est normal de se passionner pour ce genre musical léger. C'est le cas de deux compères Alexandre de Rocoule, aux racines ardéchoises , polyglotte, gérant du Grand hôtel, un ancien sanatorium réhabilité en établissement de luxe et son acolyte, Salomon Lengyel, juif, comme son prénom l'indique.
Tous deux composent musique et écrivent livret avec une telle inspiration débridée et une telle surabondance que même en réunissant l'oeuvre de Franz Lehár, Jacques Offenbach, et Oscar Strauss, on n' arriverait pas à une telle production. Les titres sont alléchants et cocasses: « Un spirite amoureux », « La chance du pendu », « La princesse aux trois manies » et il y en a encore et des meilleurs ! Mais aucune de ces opérettes n'est achevée et jouée, il manque toujours quelque chose, des notes à corriger , une partition à compléter, un épilogue à réécrire, un acte à compléter … Il faut dire qu'Alexandre a de qui tenir : Louis, un de ses ascendants vivant au siècle des Lumières, fut le premier à composer des opéras comiques d'inspiration biblique qui attirèrent, semble-t-il l'attention de Voltaire. Et là, il faut saluer la prouesse imaginative de Frédéric Verger quand le philosophe évoque « un plaisant vieillard qui met en rigodons l 'histoire sainte », il fait, bien sûr, allusion à ce lointain aïeul !
Tout pourrait être le mieux dans le meilleur des mondes, sauf que la guerre gronde , blesse, tue partout où elle passe .Le grand duché va être, à son tour, impacté par la tourmente.
Dans ce premier roman, Verger troque son habit de professeur de français contre le frac de Monsieur Loyal. Son écriture devient un spectacle époustouflant. Il anime les mots qui, sous sa plume-baguette, s'élancent, se débrident, dansent , caracolent, tourbillonnent, s'assemblent pour faire les clowns, jouer les fildeféristes, les magiciens, les équilibristes, les trapézistes.
Du grand art.



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