AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Marie987654321


L'ouvrage reprend les articles publiés dans l'Etat du monde 2017. La question posée par le titre est ambitieuse, dans un domaine où chacun a son opinion. Les deux directeurs de l'ouvrage ont réuni les contributions de divers spécialistes, à la fois chercheurs et journalistes, parfois militants, autour de cette question piège. Badie, en introduction, fixe comme objectif d'éviter deux écueils ; la naïveté de ceux qui ne voient rien et la croyance que les pouvoirs et les contre-pouvoirs du système libéral suffit à garantir la liberté et l'autonomie du citoyen électeur et individu consommateur face à la paranoïa des complotistes qui prennent pour "acquis l'aboutissement du récit :si le monde fonctionne tel qu'on le voit, ce ne peut être qu'en vue de reproduire ceux qui le dirigent ; il suffit donc de ramener tous les traits qui le distinguent à une nécessaire confirmation des pouvoirs en place" (page 22)

Voici les quelques aspects que je retiens à la fin de ma lecture.

Les différents articles s'intéressent d'abord à la place qu'ont aujourd'hui, dans un espace mondialisé les vecteurs traditionnels du pouvoir et de ses luttes : les religions, le pouvoir des clans et des tribus, les Etats modernes, les acteurs économiques. Il en ressort un tableau où les Etats, les institutions internationales, les entreprises, les lobbies, la société civile et les mouvements citoyens interagissent dans un univers en déficit de gouvernance et dominé par les acteurs du marché.

Le chapitre sur les les instruments de coercition, apanage de l'Etat classique, est particulièrement intéressant. Il montre la privatisation croissante des instruments de coercition qui ne sont plus tant l'armée ou la police que ce que Jean-Pierre Dubois appelle "le pouvoir de créance" plus contraignant que le recours aux armes. Après avoir pesé sur les pays du Sud, il pèse maintenant sur des pays du Nord et sur les classes moyennes surendettées. Cette analyse rejoint celle de l'article intitulé "enchainés par la dette".

Certains axes clés traditionnels conservent leur importance : l'énergie, les réseaux de transports, l'opinion, la monnaie.

Dans le contexte de guerre en Ukraine, le chapitre sur la Russie et son évolution post chute du mur met en lumière les erreurs des occidentaux dans leur politique à l'égard de la nouvelle Russie qui a engendré le ressentiment et la rancoeur d'un Poutine nostalgique de la grandeur de l'ère soviétique. L'occident a échoué a arrimé la Russie à la dynamique de l'Europe, en la reléguant à un statut de puissance moyenne

Les réseaux de toute nature viennent influer à tous les niveaux. Depuis les mafias qui contrôlent certains secteurs jusqu'aux cercles de sociabilité des élites mondiales issues des mêmes milieux ou des mêmes écoles, aux lobbystes de Bruxelles qui en imposent aux représentants du peuple, aux organisations étatiques de type OPEP, aux organisation humanitaires (MSF ou Human Right Watch ou aux réseaux djihadistes qui veulent exporter leur guerre.

Un ordre international nouveau s'est mis en place auquel l'occident a du mal à s'adapter et qu'il a du mal à comprendre n'étant plus en capacité d'imposer ses vues, ses valeurs ni ses intérêts à de nouveaux acteurs étatiques puissants, à l'instar de la Chine, qui jouent de leur propres cartes en Asie comme en Afrique.

Le dernier chapitre est consacré aux mobilisations citoyennes de type Occupy Wall Street, à l'émergence des partis de type Syriza ou Podemos et aux aspirations de démocratie directe et horizontale qui peinent face à la verticalité des institutions représentatives. L'exercice du pouvoir implique des compromis. Il est donc nécessaire à ces partis de se dégager des marges de manoeuvre pour laisser s'exprimer les aspirations sociales.

Un tour d'horizon instructif et dense !
Commenter  J’apprécie          00







{* *}