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Critique de jmb33320


« Travelling » signifie ici, bien sûr, voyager mais évoque aussi la technique cinématographique de mouvement de la caméra sur rails. Les écrivains Christian Garcin et Tanguy Viel ont en effet formé le projet de parcourir ensemble l'hémisphère nord, d'ouest en est, le tout en cent jours. Mais à la condition de ne prendre que des moyens de transport qui restent à la surface de notre bonne vieille terre : cargos, chemin de fer, bus, automobiles, dans le but de ressentir au maximum la durée du voyage et le déploiement des espaces traversés.
Ils sont partis de Fos-sur-Mer sur un cargo porte-container en avril 2018, pour traverser l'Atlantique jusqu'à New-York, traverser les Etats-Unis d'est en ouest, prendre un second cargo depuis le Mexique pour traverser le Pacifique jusqu'au Japon. Puis de là prendre un ferry pour Shangaï, remonter au nord jusqu'à Pékin puis la frontière russe, d'où ils prendront le train jusqu'à Moscou. Enfin, retour à Paris en bus vers la mi-juillet.
Si Christian Garcin est un écrivain dont une bonne partie de l'oeuvre résulte de ses voyages, il récuse pourtant le qualificatif d'écrivain-voyageur, un peu trop proche pour lui de celui de baroudeur, ce qu'il n'est pas. Tanguy Viel lui est un novice dans ce genre d'exercice. Ce livre confronte évidemment leur vécu de ce même voyage, mais chacun avec son style.
Ce qui fait tout le sel de ce récit ce sont bien sûr leurs rencontres, leurs impressions du voyage et sur le voyage, les présupposés culturels qui parfois volent en éclats. Les références littéraires et cinématographiques sont également présentes, avec leur correspondances et discordances.
En conclusion, je souhaite insérer une citation, qui me semble bien résumer ce récit, que j'ai trouvé pour ma part captivant :
« A vrai dire, tout notre voyage lui-même n'est que cela, un lent travelling qui dans sa lenteur même pénètre comme une pluie fine dans le sol de chaque kilomètre parcouru. Ce voyage n'est pas en soi une ode à la lenteur mais peut-être à son corollaire, la gravité : en ne prenant pas l'avion, il s'avère que chaque mètre s'arpente de tout son poids, chaque parcelle d'eau ou de terre ferme se « réalise » et tombe lourdement dans l'escarcelle du vécu. Et voilà que ce vécu à jamais chu du ciel des idées folles, tous ces kilomètres qu'on regarde un à un s'évanouir dans le sillage des hélices et des pare-brises arrière, ils entrent se succédant sagement, dans l'aire close et mesurable du temps, c'est-à-dire dans leur violente et sublime finitude. »
#Travelling #NetGalleyFrance
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