AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de saomalgar


Si l'on reste à la surface, le roman raconte l'histoire d'Ismaëlle, jeune femme sur le point d'accoucher, qui vient de perdre son père, noyé dans le lac Léman, et orpheline de mère dès sa naissance. Et de sa rencontre avec Ezéchiel, fils de dictateur africain, revenu au bord du lac dans le palais de son père, pour affronter la bête Mammon qui vit dans le lac. D'ailleurs sur ce lac, il se passe des choses étranges puisque chaque jour des centaines de corps d'humains nus remontent à la surface comme sortis de la vase de façon mystérieuse.

Et puis si l'on creuse un peu, la rencontre d'Ismaëlle et d'Ezéchiel et la survenue des corps dans le lac apparaît hautement métaphorique ! Il y a du biblique là dedans, le lecteur se retrouve plongé dans les origines du monde et dans la lutte contre le mal, personnifié ici par la bête que l'on éventre, comme les crocodiles sur lesquels s'est entraîné Ezéchiel.
Ismaëlle est attirée par l'"ogre" Ezéchiel comme Eve était attirée par le fruit défendu. Il est question d'un amour indescriptible, "inhumain".
Ezéchiel parcourt tous les lacs de la Terre où la bête se cache pour la pourchasser et la vaincre. Elle est le mal mais elle symbolise aussi la part d'ombre, l'animalité, l'agressivité de l'humain.
D'ailleurs Ezéchiel lui-même offre cette dualité à Ismaëlle dès leur rencontre. Et Ismaëlle le ressent aussi en elle. Cela transparaît lorsqu'elle parle du bébé, cette "bête" qu'elle porte en elle. Alors tout se mélange et se rejoint aussi.

Alors oui, ce texte hante, travaille, fait réfléchir et pendant longtemps car il est comme un puzzle à plusieurs voix auquel on pense toujours bien après l'avoir achevé car les références sont multiples et complexes car la langue est poétique et mystérieuse, car le récit est métaphysique et exigeant !

J'y ai retrouvé la force intérieure de Charles (Le copain de la fille du tueur), la combativité de Selma (toujours le copain de la fille du tueur), personnages d'un autre texte de l'auteur.
Evidemment les références à Moby Dick sont frappantes, on peut aussi penser à Jonas et la baleine, surtout quand on lit toutes les références religeuses, y compris dans les prénoms des personnages.
Et puis j'ai vu aussi des images de Breaking The Waves et pour moi Isamëlle a les traits d'Emily Watson.

Un roman envoûtant, difficile, à la plume poétique, incisive, qui s'imprime dans le subconscient. A lire !
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}